29 févr. 2012

Les boulets font du ski

A défaut d'être sous le soleil de Los Angeles, donc, me voici sous celui des Pyrénées. Franchement, c'est aussi bien, si ce n'est mieux. On est bien moins embêtés par les paparazzis. En revanche, niveau look, c'est un peu moins la classe.

Alors que je tentais de survivre hier matin, en équilibre sur une plaque de verglas, mon bandeau me tombant sur le nez, mes lunettes de soleil pleines de buée et mes skis forcément trop lourds en train de tomber, je me suis dit à ce moment très précis, que skier, c'était un peu comme partir en reportage avec une grosse caméra et tout le matos qui va avec. Niveau galère je veux dire. Surtout quand on a un gabarit... euh... moyen, comme moi. Niveau musculature je veux dire.

Grosse caméra + pied de caméra (objet de torture inventé pour perpétuer une hierarchie sexuelle dans le métier de journaliste) + batteries de rechange + micro + sac à dos rempli de câbles la plupart du temps inutiles + cartes mémoire + portables (perso, pro, dans toutes les poches) + lumière au cas où... = check. Poids et encombrement global = non estimés.

Au ski comme en reportage télé, on part donc le coeur léger et les bras chargés. Et puis on déchante, car on se sait jamais si on arrivera au bout avec tout ce bordel sur le dos. Quelques marches à monter, et l'on arrive péniblement en haut en crachant ses poumons (et je suis non-fumeuse, en parfaite santé, jeune et dynamique, c'est dire...), avec les jambes qui flanchent sous le poids de la charge. Les mètres sont plus longs, je vous jure. Quand on se cogne, quand ça tombe, ça fait mal, très mal. On passe autant de temps à s'installer et se préparer qu'à faire la chose pour laquelle on est vraiment venu finalement : tourner, ou skier. Ensuite, il faut s'appliquer, sur chaque plan, chaque virage (oui, ça y est, mon profil sportif et mon niveau en ski commencent à se préciser pour vous, hein ?), pour éviter le flou. On arrive à la fin du parcours essoufflé et transpirant, les cheveux collés sur le visage, les vêtements dans tous les sens (ni trop chauds, ni pas assez, bien sûr, sinon, c'est l'enfer). Les courbatures du lendemain sont tout aussi appréciables, mais diversement localisées : dos en bouillie/jambes en compote... Le pire, c'est qu'on en redemande.

Au boulot, on me demande souvent (non, les hommes me demandent souvent) combien pèse ma caméra, si ce n'est pas trop difficile, si j'ai pas besoin d'un petit coup de main. Messieurs, vous avez déjà proposé de l'aide à une femme désespérée avec ses skis ? Chacun sa galère, oui !

Alors non, ceci n'est pas un papier sur le très léger sexisme ambiant dans le métier de journaliste, j'aurais LARGEMENT de quoi vous faire un autre billet, une prochaine fois. Ni sur les malheurs de Pau au ski. Juste un constat immuable : souvent, la galère est proportionnelle au plaisir pris ensuite !

Allez, j'y retourne.

A très vite,

Pau.



Ps : grand soleil. 6°. Neige bonne. Peu de monde. Départ pour NYC J-2.

26 févr. 2012

Moi aussi, je veux aller aux Oscars

Après tout, pourquoi pas moi ?
Dujardin aux States, Omar Sy qui gagne devant les intellos coincés des Césars, moi je dis, tout est possible. Et c'est tant mieux !
Alors voilà, admettons que je sois nommée aux Oscars cette année. ADMETTONS. Par exemple dans la catégorie Meilleur espoir féminin. Ah ça n'existe pas aus Oscars. Alors Actress in a Supporting role, restons modeste.
Hé bien, pour ma tenue, je porterais un truc dans ce genre. Tout simplement.

Valentino, forever.

Sonia Rykiel

Gucci

Fendi

Ermanno Scervino

Christian Dior, évidemment.

Chloé (big up !)

Bottega Veneta

Blugirl



Et vous, les fiiiiiiilles, c'est quoi vos coups de coeur red carpet ? (ah oui, parce que je ne vous avais pas dit, mais en fait, la politique, c'est pas que ça mon truc. Je bosse aussi pour des magazines féminins, alors j'ai le droit... Non ?)

See you.

Pau.


23 févr. 2012

Blues de journaliste...


Je devais vous parler de Jean-François Copé, en meeting hier soir près de Brive. Et puis en fait, non.
Parce que j'ai le bourdon aujourd'hui. Un peu plus qu'hier encore, prise que j'étais dans le flot du travail et de l'actualité.

J'ai le blues de Marie, et de Rémi. Deux de plus. Comme pour Gilles Jacquier il y a quelques semaines, je ressens un frisson glacial me parcourir le dos.
En plus d'être tous les deux des journalistes de talent, que toute la presse salue unanimement ce matin, Marie était une femme, Rémi avait 28 ans, mon âge. Je suis touchée par cela, aussi. Non pas que je me projette à leur place, oh non, je ne serai jamais de cette trempe-là.

Je pense à leurs familles, qui maudissent depuis 24h, peut-être depuis toujours, cette saleté de boulot. Qui se disent à quoi bon. Qui se demandent si l'information vaut deux vies, si tout ça valait vraiment le coup. Je dis ça avec la boule dans la gorge, peut-être un peu aussi de manière contradictoire avec tout ce que j'ai toujours dit, mais oui, ça valait le coup. Enfin non. Et puis je ne sais pas. Je ne saurai jamais.

Si ces femmes et hommes-là ne prennent pas ces risques, qui pour nous informer, nous faire entrevoir le monde tel qu'il est vraiment ? Qui pour remettre chaque chose à sa juste place ? J'entendais ce matin sur France Info le responsable de Polka, le magazine du photojournalisme, qui expliquait que ces professionnels, à l'image des pompiers qui prennent des risques à l'assaut du feu, sont là pour sauver des vies, à leur manière. Témoigner pour ne pas laisser mourir dans l'ignorance et l'indifférence. MAIS, une information, aussi précieuse soit-elle, vaut-elle ne serait-ce qu'une vie humaine ? Pour moi, le débat est inextricable.

Et il est d'autant plus difficile à mener que je porte dans mon coeur un de ces journalistes, qui érigent liberté et nécessité d'informer en valeur suprême. Qui ne reculent devant aucun terrain, risqué ou pas. Qui prennent des risques, qui ne peuvent être mesurés, quoi qu'on en dise. Un risque est un risque. J'ai connu la peur au ventre, celle de ceux qui attendent, au chaud à la maison, que l'actualité se calme. Quand le journaliste est une personne qui vous est chère, vous maudissez la nécessité d'informer, vous n'avez que faire du sort des habitants de Homs, Ajdabiyah ou ailleurs, vous dites que des morts ne valent pas une vie sacrifiée de plus, que les victimes de Bachar Al Assad, Kadhafi et tous les autres n'auraient pas souhaité ça. Qu'il faut rester EN VIE, coûte que coûte, pour pouvoir informer. Mais malgré tout, vous êtes fier. Ceux qui partent ont raison de le faire et ils le savent. Vous le savez aussi, au fond.
C'est pour toutes ces raisons, qu'il y a des Gilles, des Rémi, des Marie, des Anthony Shadid (journaliste du New York Times mort aussi en Syrie il y a quelques jours) et tant d'autres, qui reviennent vivants, aussi, Dieu merci. Et puis il y a les autres journalistes, tous ceux dont je vous parle tous les jours. Pas tout à fait le même métier quand même.

Alors rappelons chaque jour qu'il y a des anonymes, des purs, des durs, des sensibles, des baroudeurs, des têtes brulées, des prudents, qui y sont, qui tremblent sous les bombes ou les tirs en attendant que ça passe, qui feront des cauchemars toute leur vie pour cinq minutes dans l'un de nos JT, pour une page dans notre Libé du matin.

Pour finir, deux articles, qui m'ont touchée. L'hommage, perso, dans Paris Match, et la réflexion sur le métier, dans Le Figaro.
http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/Hommage-au-photographe-Remi-Ochlik-tue-a-Homs-378664/

http://www.lefigaro.fr/international/2012/02/23/01003-20120223ARTFIG00371-deux-grandes-figures-du-journalisme-de-guerre-disparues-en-syrie.php

A très vite,

Pau.

ps : en regardant les très belles photos de Rémi Ochlik, je suis tombée sur une, de François Hollande et Valérie Trierweiler, le 7 janvier dernier, à Tulle. J'y étais aussi. Je me souviens très bien du moment, que j'ai filmé. Rémi Ochlik était forcément juste à côté de moi pour faire cette image-là. Je n'arrive pas à m'en souvenir, trop de monde. Assez troublant tout de même.

Le dernier reportage de Marie Colvin :
http://www.thesundaytimes.co.uk/sto/public/news/article874796.ece#prev
et les photos de Rémi Ochlik
http://www.ochlik.com/

22 févr. 2012

Journalistes en rase campagne


Je confirme, nous sommes bien en campagne. En rase campagne, avec Nicolas Sarkozy, que j'ai suivi hier mardi lors de sa venue à La Rochelle.
Un déplacement de président-candidat ? Le Graal pour tout journaliste un peu féru de politique. Ou l'enfer, c'est selon.

Ok, c'est ultra organisé, verrouillé, millimétré. Ok, les équipes sont pros, au courant de nos contraintes, assez attentives et sympaes d'ailleurs. Oui mais voilà, il y a une donnée contre laquelle on ne peut rien : 120 journalistes autour d'un seul et même homme, ça reste un sacré bordel. Une guerre de tranchées dans laquelle s'affrontent notamment deux camps : les Parisiens, et les Provinciaux.

Les Provinciaux (je commence par eux parce que je les préfère, évidemment) : ils arrivent tôt, très tôt, parce qu'ils viennent par leurs propres moyens de la grosse ville la plus proche, en l'occurrence Bordeaux hier. Ils sont donc installés, aux meilleures places avant tout le monde. Parfois, ils attendent dans le froid, longtemps. Ils déroulent les câbles, installent le matériel. Ils assistent au ballet passionnant des préparatifs. Employés qui nettoient à la hâte des vitres que le président ne regardera pas, scènes qui se montent, attachées de presse en furie au téléphone ("CE N'ETAIT PAS CE QUI ETAIT CONVENU"), essais de son dans le micro pendant 25 minutes ("O, O, O, O, A, A, A, Paris-Bordeaux-Le Mans, Est-ce que vous me recevez), chien de la police qui passe et renifle chaque mini coin, même dans vos affaires et votre camion, attaché de presse qui revient "il faut vraiment que vous laissiez de la place à TF1 et France 2, je veux qu'ils soient bien placés"... Et puis c'est l'attente. Les Provinciaux ne sont pas toujours des spécialistes de politique, mais ce sont d'aussi bons journalistes que les Parisiens, je vous le promets. Ils pensent d'ailleurs qu'il est bon d'apporter un peu de sang et d'esprit frais à ces visites politiques toujours suivies par les mêmes journalistes. Qui dit mêmes journalistes, dit mêmes questions, dit copinage avec les attachés de presse et équipes de campagne, dit connivence ? Ce n'est qu'un schéma bien sûr.

Les Parisiens : ils débarquent quelques minutes ou une heure avant le politique, tous dans un bus mis à disposition par le ministère, ou l'équipe de campagne, après avoir pris un train conseillé. Parfois, ils débarquent avec la personnalité politique, et ont déjà commencé les discussions off ou interview pendant le trajet. Pour la petite anecdote, Ségolène Royal était hier dans le train des journalistes. Un bon moyen de contrer le président en campagne dans SA région. Elle a improvisé une conférence de presse dans le wagon restaurant pendant une demi-heure, si bien que la responsable du wagon, qui en avait marre de ranger ses M&M's bousculés par les journalistes, a fini par fermer son stand. Bref, ces journalistes, ce sont toujours les mêmes qui suivent les mêmes personnalités politiques. Je vous laisse juger vous-mêmes le degré d'indépendance et de capacité de critique politique. Ils sont costauds, aguerris, et viennent pour manger du petit Provincial. D'ailleurs, qui c'est, ces péquenauds qui pensent pouvoir parler de politique ? Evidemment, il y a des exceptions, des Parisiens sympas et compétents, notamment ceux avec qui j'ai bossé.
Il y a, logiquement, une forme de solidarité entre les membres de chaque camp. Evidemment, vous n'allez pas pourrir la photo du Bordelais que vous devrez retrouver demain sur un petit reportage sympa.

Entre les deux, c'est la guerre. Ou presque. On se bouscule violemment, on se marche dessus, on passe devant quand vous êtes en train de faire votre image, on gueule. Ajoutez à cela la tendresse légendaire des chargés de sécurité du président et vous obtenez une bataille complétement dérangée dans laquelle le plus fort, le plus grand, le plus malin, (parfois le plus méchant) a de fortes chances de sortir vainqueur. Pas moi, donc.

On rentre le corps meurtri, des bleus partout, les pieds en compote. Je ne vous parle même pas des chaussures saccagées (snif), du mal de crâne (genre belle cuite) et des courbatures le lendemain qui vous font marcher comme une mémé (et dire que la campagne ne fait que commencer...).

Il faut relativiser tout ça, c'est dur pour nous, mais surtout pour le public. Lui aussi a attendu le président pendant des heures, mais lui n'en verra rien, sauf la meute. Aux Boucholeurs, Nicolas Sarkozy décide de faire un bain de foule. Beaucoup de supporters (pas d'opposants, je vous rassure, tout avait été bien calé de ce côté-là aussi) l'attendent. La foule, compacte, violente, de journalistes et de gens qui veulent une photo, une poignée de main, emporte tout sur son passage. Derrière moi, un vieux monsieur serre fort sa femme dans ses bras, terrorisée à l'idée de perdre pied. "Ne t'inquiète pas, Jeanine, il ne peut rien t'arriver ici avec moi" (C'est miiiignooooon. Oui Jeanine, ne vous inquiétez pas, avec le nombre de flics et d'agents de sécurité au mètre carré, il ne peut rien vous arriver ici). Comme vous l'imaginez, cet ouragan médiatique laisse d'heureux souvenirs aux passants...

Voilà, sinon, Nicolas Sarkozy (ah oui, c'est vrai, il était là !) n'a rien dit. Enfin si, plein de choses, mais rien qui restera dans les annales de la Ve République. Pour info chers amis, sachez que vous lisez la spécialiste des questions complètement lunaires (ou inutiles, c'est selon). Lors d'un rare moment où j'ai réussi à approcher Sarkozy, j'ai quand même réussi à lui dire qu'il avait l'air d'aimer particulièrement cet exercice, et j'ai fini par lui demander s'il prenait "son pied" en campagne. Il m'a regardée, il a rigolé (il s'est dit, c'est qui cette barjo ?) et m'a répondu un truc du genre "je ne dirais pas les choses comme ça", et a fini par dire qu'il préférait ça aux visites avec protocole.

Nous, finalement, un peu de protocole...

A très vite,

Pau.

ps : et c'est partiiiii pour Brive, un petit meeting avec Jean-François Copé. Passionnant.

19 févr. 2012

Wonder mamas !


Je rentre juste d'une semaine à Paris, passée à profiter de famille et amis. Et surtout de ma petite nièce de 5 mois. Un adorable petit bout grâce à qui j'ai pu expérimenter les joies de la poussette en terrain hostile.

Bilan formel : les mamans parisiennes sont des warriors.

Ouvrez bien les yeux, je suis sûre que vous ne les avez jamais vraiment remarquées. Marchant au pas de course, sur des talons perchées, en jupe, toujours apprétées, courant derrière leur poussette. Les mecs, imaginez-vous, par exemple, vous traîner en permanence dans les rues de la capitale avec... votre sac de golf, bien rempli. A part que ce qui est dedans est encore plus fragile et précieux (si, si je vous jure). Elles jonglent entre le chic et le pratique, elles ont renoncé au sac à main pour le sac en bandoulière, elles se font les muscles en ajoutant à tout ça chaque jour ordinateur et courses sous le bras et le téléphone coincé entre l'oreille et l'épaule. Leur parcours du combattant, c'est de partir tôt, très tôt, pour aller déposer leur progéniture avant d'arriver (à l'heure si possible) au boulot. Et de rentrer tard, mais pas trop, pour pouvoir assurer la deuxième journée. Sur la route, il faut éviter les barjos qui rôdent (beaucoup plus nombreux à Paris qu'ailleurs, non ?), les trottoirs défoncés (qu'on ne remarque même plus, en marchant simplement), les grosses gouttes qui tombent des balcons, la fumée des cigarettes de la pause sur le trottoir, les bactéries qui rôdent, surtout celles des aimables qui prennent le soin, dirait-on, de venir tousser juste au-dessus de la poussette de votre trésor, les camions de livraison garés qui ne laissent passer qu'une poussette de poche... avec le sourire, toujours, penché au-dessus du petit regard impatient et agité. Et la conviction qu'on va y arriver. Je vous épargne le métro, ses escaliers, ses heures de pointe. Le bus, ses marches infranchissables et ses quotas de deux poussettes dans l'aire réservée.

Ah et puis, il y a les entrées d'immeuble aussi, avec le plus souvent ce sympathique encadrement haut de 15 cm à franchir, tout en tenant la lourde porte qui menace de se fermer à chaque instant sur la petite tête blonde, fruit de votre plus bel amour. Et ces ascenseurs, trop exigus pour qu'on y monte sereinement avec sa descendance et ses paquets dans les bras, parce que bien sûr, les appartements n'acceptent pas vraiment les poussettes. Alors on l'abandonne en bas, et l'on entame, pas à pas, sa montée vers la délivrance du troisième étage. Où il fait doux, où ça sent bon, et où la fureur de la ville vient doucement s'éteindre.

Les gens, quand vous voyez une maman courir avec sa poussette, ne la jugez pas. Working girl, maman pressée, elle ne fait que courir après le temps et organiser dans sa tête le programme, minute par minute du bain-biberon-lessiveàlancer-lingeàétendre-repasàpréparer-couches-fringuesàrepasserjustepourdemainaprèsonverra-mailsenretard. Quand elle aura eu un peu de temps pour profiter de son homme, aussi, la Parisienne aura droit au repos de la battante bien mérité.

Alors non, loin de là, m'occuper de ma petite nièce a été une contrainte. Au contraire, si vous saviez... Et toutes les mamans du monde, qui travaillent, qui s'activent, partout, connaisent leur parcours du combattant. En France beaucoup moins qu'ailleurs sans doute (ok, les papas aussi, mais je suis un peu féministe, sachez le). Mais comme dirait l'autre, il me semble que la galère, serait moins pénible au soleil. Ou en province, quoi. Moi je ne l'imaginais pas, mais j'ai touché du doigt l'énergie et le courage qu'il faut à celles qui courent derrière leur poussettes.

Les filles, Ju, chapeau bas.

A très vite,

Pau.

ps : oui, je sais, Marseille, Sarkozy, Lille, Marine, tout ça... Mais ça fait du bien de parler d'autre chose que de politique, non, de temps en temps ?

16 févr. 2012

La France forte, c'est maintenant !



Ou "Le changement, c'est une France forte ?"
Il y a quelques semaines encore, je débattais avec des amis qui me disaient "Nicolas Sarkozy ne peut pas gagner cette fois, Hollande est trop loin devant, le ras-le-bol vis-à-vis de l'UMP est trop grand". Ce discours-là, beaucoup le tenaient encore, partout, tous les jours. Et je pensais : attendons que la machine soit lancée.
Moi je sens un petit vent froid, pas vous ? Comme une brise venue de la mer.

N'avez-vous pas trouvé François Hollande moins bon, lors de son meeting à Rouen ? Je sais que ce n'est pas de bon ton de dire ça, mais pour moi, la verve et la passion du Bourget manquaient. Le candidat socialiste ne semblait pas réussir à trouver le bon rythme, accroché à ses notes, alors qu'il enflamme d'habitude le public par ses discours plus "improvisés". En retard, hésitant, moins drôle, j'avais comme l'impression qu'il lorgnait malgré lui vers TF1 et que le coeur n'y était pas. Et puis en plus, c'était à Rouen, et désolée, mais je ne suis pas fan de Rouen. Sans doute à cause d'un traumatisme hérité d'un stage à "Paris-Normandie", où le soir, paumée dans ma chambre de Cité U miteuse, je tentais de comprendre et digérer la Constitution européenne. Comment ça, ça n'a rien à voir ? Enfin, la modernisation de la ligne Rouen-Paris, d'entrée, en guise de proposition, je ne suis pas sûre que ça lui amène beaucoup de voix. Ni de dire qu'il a besoin de Laurent Fabius, et qu'il en aura encore plus besoin après. (oh non...) A 19h31, tandis que Nicolas Sarkozy arrive grand smile à TF1 en tenant la main de Carla, François Hollande galère un peu et tourne autour des mêmes idées. Fatigue ? Conséquence d'une campagne démarrée tôt et tambour battant ? Lors d'un reportage où je le suivais il y a quelques semaines, François Hollande concédait en "off" qu'il avait commencé la campagne très tôt, et qu'il allait falloir tenir. Sur les idées, sur la forme, sur l'énergie, sur le budget.

Et puis j'ai zappé. Tout en préparant une soupe (cf le navet de la photo, ceci n'est pas une métaphore cachée), j'ai écouté Sarkozy. J'ai écouté la voix de Sarkozy, qui ne m'a pas semblé tout à fait la même. Imperceptiblement plus rapide, moins posée et moins basse. Moins "papa protecteur". Evidemment, il fallait s'y attendre, on a eu droit au (en gros) "le capitaine peut-il abandonner le bateau pendant la tempête ?", à l'épouvantail de la Grèce, au "est-ce bien raisonnable ?" relatif à toutes les propositions de Hollande, le "est-ce que les Française veulent une France faible ?".... Ah oui et puis aussi le (en gros) c'est bien beau mais "le rêve, ça se termine toujours en cauchemar". Voilà, on y est, fini le rêve, les grandes idées, Sarkozy le concret, le rationnel, le sérieux, le pragmatique, est arrivé. Youhou ! Le rouleau-compresseur médiatico-politique est en marche. Les équipes sont en place, l'armada de communicants est prête à dégainer slogans, réactions, petites phrases ou mots chocs, les snipers de l'UMP sont tous prêts à tirer, tout est bien huilé, ne vous en faîtes pas. Boutin, Morin, au bercail. Manquerait plus que Dominique de Villepin s'y mette aussi, on est mal ! Tout ça pour dire que la lourde machine est en marche et va ratisser large. Peut-être que les deux camps ont un peu peur, désormais. Et vous l'avez vu, le président-candidat, cet après-midi, sur i-télé, plaisantant, mec sympa ? Nouveau rôle, nouveau costume. Tout ça, ça n'est évidemment que de la forme. Mais elle compte, à l'heure de l'isoloir.

Quand Hollande, il y a quelques semaines en meeting à Bordeaux parlait de "combat", de "guerre", de "stratégie militaire" ou d'"état major", on le regardait avec des grands yeux, genre "mais qu'est ce qui lui prend ??" L'homme nous paraît trop gentil sans doute. Quand Sarkozy lance la machine de guerre, ça n'étonne plus personne, bizarrement. Tous aux abris ! Mais ouvrons bien nos yeux et nos oreilles, rien n'est joué. C'est quand même nous qui décidons, au final, non ?

A très vite,
Pau.

ps : vous en pensez quoi, de cette affiche, vous ? Il n'y a que moi qui trouve qu'il y a un léger strabisme convergent sur la photo ? (oui, je sais, je vais avoir des problèmes !). Et puis toute cette eau... Ca me donne envie de faire pipi.
ps 2 : oui, je sais, je ne suis pas trop là en ce moment. Normal, je suis à Paris. Et demain, sans doute, je vous raconterai le calvaire des mères parisiennes...

13 févr. 2012

Blogaventure : bientôt un mois !



Hello,

me revoilà après plusieurs jours de silence, beaucoup de froid et de boulot, un peu de repos because malade, et quelques aventures.
Bilan et perspectives, non ne sortez pas vos cahiers, je ne pars pas dans un exposé soporifique, j'avais juste envie de faire un petit bilan de ce premier mois vis-ma-vie-de-blogueuse.

Alors ces deux dernières semaines, j'ai :
- douté : dois-je parler de ça sur mon blog ? Vais-je les intéresser ? Vais-je tenir la distance ? Etape normale sans doute, nécessaire, peut-être.
- ri : beaucoup, souvent, jaune parfois, à la lecture des commentaires. Best of : "C'est pas toujours beauf, le sport" ; "Raccrochez avec la réalité, vous les journalistes !" ; "Grave bien ton blog" ; "Bizarre cette fille qui suit les politiques" ; "Vous avez rien d'autre à faire ?" ; "Merci quand même" ; Joli ptit blog, qui mange pas de pain, sympa à lire, sans plus" ; "Cé cool, fait nous rire, alleeeeeeer".
- halluciné : en franchissant la barre des 2000 pages vues. C'est trop d'honneur, merci... Le blog prend son petit rythme de croisière...
- débattu : (et pas qu'avec moi-même) : est-ce que je dois, est-ce que je peux, donner mes opinions politiques ? Dans notre travail de journaliste au quotidien, on s'abstient, en (par ?) principe. Certes, un blog est un espace perso, où je ne peux pas ne pas me livrer un minimum. Mais ce boulot ne m'oblige-t-il pas à un peu de réserve ?
- apprécié : voir ce blog prendre sa place dans ma tête et ma vie ("haaaan, mais il faut absolument que j'écrive quelque chose là-dessus") et dans celles des autres (génial quand on me dit désormais "tiens, ça, ça peut t'intéresser pour ton blog....")

Un weekend au Pays Basque plus tard (d'où la photo), mes doutes se sont envolés, l'envie de rire et de lire chaque jour des commentaires plus originaux est bien là, ainsi que l'envie de voir le compteur de visites grimper, grimper, chaque jour un peu plus... Le débat politique (le mien !) est clos. Je veux bien me moquer, ironiser,  m'étonner, m'indigner sur certains faits ou personnalités politiques (surtout celles que j'aurai la chance de croiser), mais vous ne saurez rien (de rien) de mes opinions, convictions, espoirs ou déceptions. Motus. Et puis après tout, on s'en fout, non ?
Sinon, je resigne pour un mois. Vous aussi ?

Allez, j'arrête avec mes élucubrations. Je me concentre sur les vrais, gros non-événements de la semaine à venir :
- la Saint-Valentin : haaaaan j'aime pas ça. C'est pas un truc de fille désespérée, hein, c'est juste nul. Anti-romantique et souvent vulgaire. Toutes ces publicités de lingerie dans la rue, tout ce rouge partout (mal aux yeux), ces coeurs dans les vitrines (mal au mien), ces fleurs achetées vite-vite-le-14-mais-surtout-pas-le-15-ou-le-13 (quand même beaucoup mieux, le 13). La Saint-Valentin, pour moi, c'est un peu comme la Journée de la Femme, quoi. Au secours !
- l'annonce de la candidature de Nicolas Lasarkozy (cf article Sarkoshow). On me dit dans l'oreillette que ce grand moment de l'histoire de la 5e République pourrait être mercredi soir dans le JT de TF1. Ca tombe bien le mercredi soir, je suis à mon cours de yoga. Enfin je ne fais pas encore de yoga mais je pourrais m'y mettre, tiens. Sans rire, je regarderai ça, comme toi, lecteur, et puis toi, aussi, là-bas, derrière. Youpi !

A très vite,

Pau.

9 févr. 2012

Cache cache ta justice !

Ce soir, place à un invité, journaliste. Ca tombe bien, je n'avais pas d'inspiration. Ca tombe bien surtout, il a plein de choses à dire, du talent à revendre, et une capacité d'indignation intacte. Aujourd'hui, il nous raconte une partie de cache-cache avec un ancien ministre. Ca vous dit quelque chose ?
Enjoy et à très vite !
Pau.



Je m'appelle Etienne W. Je suis un citoyen. Un type, quoi. Un justiciable, un témoin, qu'importe.
Je suis convoqué par un juge d'instruction. La lettre - reçue en décembre - précise que ce monsieur G. veut m'entendre ce mercredi matin. J'ai un peu la trouille, c'est pas commun d'être convoqué par un juge. Alors ce matin-là, je gare ma voiture au parking public de la place de la République. Je me rends à pied au Palais de justice.
Etrangement, le trajet entre ma place de parking et la lourde porte du tribunal me semble long ce matin. Je passe sous le portique "détecteur de métaux". Le policier contrôle mes objets personnels. Je vide mes poches. Une dame d'une quarantaine d'années me regarde gentiment. Comme si elle savait. Comme si mon désarroi transpirait. A présent, je patiente devant le bureau des renseignements. Le coeur un peu lourd. Je demande poliment à la standardiste où se trouve le bureau du juge d'instruction. Mes jambes tremblent un peu. Et puis j'y vais. Je suis inquiet. C'est pas drôle d'être soupçonné. J'ai les mains moites. Un jeune homme visiblement convoqué aussi me jette un regard complice. Il semble me dire : "t'en fais pas mec, ça va bien se passer". L'escalier est large, froid. Tiens, mes mains sont froides aussi. Je suis un justiciable. Je suis un citoyen.
Et me voilà "entendu par un juge d'instruction". Je ne vous préciserai pas les motifs de cette audition, c'est une autre histoire.

Je m'appelle Eric U. Je suis un citoyen. Je suis député, aussi. Et je suis maire d'une commune de la région parisienne. Je suis convoqué par un juge d'instruction. Mon avocat m'a précisé les issues possibles de cette grosse affaire qui me ronge les nerfs depuis presque deux ans. Je risque d'aller en prison, un jour. Alors je suis angoissé, je dors mal.
Quelques jours avant ma convocation au tribunal de Bordeaux, je réunis mon staff à mon bureau parisien, avec mon avocat et l'officier chargé de ma sécurité. Je leur fais part ouvertement de mon souhait de ne rencontrer aucun journaliste, et surtout de ne croiser personne - absolument personne - au tribunal avant et après mon audition dans le bureau du juge bordelais. En liaison avec le parquet de Bordeaux, la personne en charge de ma sécurité organise ma venue à Bordeaux, et me garantit que mon arrivée et mon départ du Palais de justice se feront dans la plus grande discrétion.
Ce mercredi matin, une voiture avec "mon" chauffeur m'attend à l'extérieur de l'aéroport. Entre l'avion et la voiture, je marche vite. Heureusement, je ne croise personne. Je monte dans la grosse berline noire.
Mon chauffeur me rassure, et m'explique que tous les policiers du Palais de justice sont prévenus. D'après mon avocat, qui m'accompagne, des journalistes attendent devant toutes les entrées du tribunal. Mais je ne veux pas qu'on puisse me voir, moi !
J'ai les mains moites.
Mes jambes tremblent un peu. J'espère que tout le dispositif mis en place par la police va fonctionner.
Nous approchons du tribunal. Mon chauffeur me dit que les vitres de la voiture sont suffisamment teintées, que personne ne peut me voir. Au plus profond de moi même, je me dis que ce n'est pas très normal tout ça. Je ne suis pas un mauvais type. Et pourquoi aurais-je le droit de me cacher, moi ?  Enfin, c'est appréciable tout de même. Devoir affronter les regards, croiser des journalistes, je n'en serais pas capable. Je suis député, quand même. Je dois être irréprochable, moi.
Ma voiture approche à vive allure.
Au loin, je vois la porte électrique du tribunal qui glisse lentement. Ça y est, elle est ouverte ! Mon chauffeur me dit de ne pas m'inquiéter, des voitures "leurres" ont été prévues aux autres portes pour déjouer les journalistes. Nous nous engouffrons à l'intérieur. J'ai eu le temps d'apercevoir deux photographes sur le trottoir.
Je sens la sueur sur mon front. Dans mon dos aussi.
Mon avocat m'affirme que personne n'a pu me voir. Je suis rassuré. Un huissier du tribunal m'accueille dans le couloir souterrain. Il m'accompagne jusqu'au bureau du juge d'instruction.
L'escalier est étroit. Etouffant. Tiens, mes mains sont froides. Je suis un justiciable. Je suis député de la République.
Et me voilà "entendu par un juge d'instruction". Je ne vous préciserai pas les motifs de cette audition, c'est une autre histoire.

Le procureur de la République de Bordeaux, interrogé au sujet de ce qui apparaît aux yeux de tous comme un traitement de faveur, explique qu'il n'est - je cite - "pas au courant", que la police "fait ce qu'elle veut", et qu'un député peut demander à être " protégé pour sa sécurité ". Sa sécurité ? Quelle sécurité ? Caché dans un tunnel souterrain, dans une voiture de la République, mais pourquoi ? Pourquoi organiser une mascarade avec des "fausses" voitures aux différentes portes du tribunal ? Tous les justiciables peuvent être accompagnés par un policier à leur demande. Et tous - tous les jours - empruntent les escaliers publics. Sans "danger".
Mais un ancien ministre, député, a visiblement le droit à la discrétion. Le droit de disposer de la police nationale, de dizaines de policiers, même.

De se cacher pour ne pas sentir le poids de la justice, comme le poids des regards.

Antoine.

7 févr. 2012

Au secours, il neige dans ma télé !

Je lance cet appel vibrant depuis mon feu de cheminée. C'est l'hiver, il fait froid, trop froid. Une banalité affligeante. On dirait qu'il y a pas mal de choses qui ont décidé d'hiverner ces derniers jours (ou d'hiberner, c'est comme vous voulez, on va pas débattre de ça, hein ?). Par exemple le souci de la hierarchie de l'info de certains journalistes. Le bon sens de Claude Guéant. La modestie de Madonna. La crise. Et puis moi. D'où la cheminée, un peu d'infos cathodiques et quelques appels au secours.

Alors qu'est ce qui peut bien nous affoler comme ça à chaque flocon ?
C'est sympa, la neige. Les bruits étouffés, le temps qui ralentit, la pureté de l'horizon, les gens contents. Et là, dans nos journaux télé, breaking news, alertes météo, flashs spéciaux, cartes et chiffres à tout va... On devient barjos, non ? On ne pourrait pas juste se réjouir de ce retour en force de la nature, un petit but lors de son jubilé, son match de gala contre le réchauffement climatique. Non ? Tant pis.
Me voir infligée trois (4?) envoyés spéciaux en forme de glaçon, dans le JT de 20H (peu importe la chaîne, c'est la même chose partout), frigorifiés, nez rouge et cheveux dans le vent glacial, qui n'ont d'autre info à donner que la température de l'endroit où ils se trouvent ce-matin-ce-soir-et-vraisemblablement-demain. Subir les leçons de vie du reporter qui recommande de boire boissons chaudes et de se couvrir la tête. Ingurgiter 20 minutes de voitures sur le bas-côté, de dépanneurs overbookés avant d'avoir enfin accès à quelques bribes d'informations. Je dis STOP !
Je ne dis pas que je ferais mieux, si j'étais rédactrice en chef d'un 20H. Mais j'ai envie de voir une vraie enquête sur l'accueil d'urgence des sans-abris, et les raisons pour lesquelles tant de démunis (notamment les femmes) les refusent encore. Je suis curieuse de savoir comment travaillent la SNCF, les aéroports, pour que des vols et des trains soient encore bloqués 24h après les chutes de neige, en France en 2012. Je rêve qu'un journaliste aille demander à des responsables religieux ce que eux et leurs ouailles (de toutes confessions) qui prônent tant la charité mettent en place pour affronter ces grands froids. Ouvrir les églises, les mosquées, les synagogues aux plus démunis, j'ai lu ça sur Twitter et je n'ai pas trouvé l'idée absurde. Ca part dans tous les sens, je sais, la neige, ça glisse.
Je me dis juste qu'il y aurait bien d'autres sujets à traiter concernant le froid et la neige dans les médias, que les pénuries de chaînes pour les voitures. Creusons-nous la tête. Help, de l'air !

Après ce weekend riche en péripéties, je pourrais aussi parler de Claude Guéant.
On pourrait disserter sur la stratégie, la communication, l'utilité de la polémique... On peut débattre du mot civilisation, des propos sortis de leur contexte. Mais pas très envie, en fait.
Il y a juste deux choses que je ne comprends pas :
-1) pourquoi l'UMP et la droite n'ont pas désavoué Claude Guéant ? Pour moi et ma modeste analyse politique, l'UMP n'a et n'aura jamais intérêt à lorgner si près l'extrême. Beaucoup de gens de droite ne se reconnaissent pas dans ses propos. Et vont finir par refuser d'être représentés par ce genre de politicien.
-2) qui conseille Guéant ? Ils l'ont privé de stratège en communication, d'expert en sujets-pour-pas-énerver-les-Francais ou quoi ?

Râleuse, je vous avais dit. Heureusement ! Heureusement, il y a eu quelque chose de drôle dans ma télé. Un rayon de soleil, hier soir. Ce n'était pas la Guerre des mondes de TF1 du dimanche soir. Quoique. Mais l'interview de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Enfin de la politique, de la vraie.

Au début, il y avait la France, et l'Allemagne. Deux grands Etats européens, deux moteurs du Vieux continent. Deux chefs d'états sauveurs de la crise. Et puis après, il y a eu les questions du journaliste de ZDF. Il m'a bien fait rigoler, lui ! Surtout au début, quand il a demandé à Nicolas Sarkozy (en gros), comment il avait fait pour mettre son égo de côté pour toutes ces négociations. Lui qui est bien connu pour en avoir, de l'égo, voulait-il dire. Ils sont peinards, les journalistes allemands, ils demandent ce qu'ils veulent quand ils veulent. Non mais, ils se croient où ? Il m'a bien fait rigoler parce qu'il posait ses questions avec un petit rictus, comme s'il s'était dit pendant la séance maquillage "Sarko, je vais me le payer ce soir, ils vont voir ce que c'est que le journalisme, les Frenchies". J'ai trouvé que notre président répondait à toute cette provocation avec beaucoup de calme et de sang-froid.
Après, j'ai pas trop compris pourquoi Sarko parlait de la guerre entre l'Allemagne et la France, les vieux souvenirs, tout ça. Parce que là y'a menace ? On m'avait pas dit...
Après, le journaliste allemand a remis ça : (en gros) "pourquoi n'êtes-vous pas parvenu aux mêmes résultats que Merkel" puis "Est-ce que vous allez demander aux Français de travailler davantage ?" "Est-ce que la France est prête à renoncer à une partie de sa souveraîneté ?" Finalement, il serait presque énervant Mr ZDF. Du coup, Pujadas s'est lancé à la rescousse de Sarko en attaquant (plus mollement, il faut bien le dire) Merkel. Je comprends mieux l'histoire de la menace de guerre entre les deux pays, ça y est...
En tout cas, j'ai trouvé Angela sympa. Chaque fois que Nicolas parlait, elle opinait du chef avec applomb et sérénité. Et quand, à son tour, elle prenait la parole, elle se tournait gentiment vers Nicolas pour savoir s'il approuvait. Tout ça était très intéressant et très cordial.

Allez, je vais me calmer en regardant la neige, qui est toujours là dans mon jardin ce matin. C'est joli.
A très vite j'espère !

Pau

ps : crédit belle photo AE. De l'air !
Et je lisais hier soir (un peu en retard, certes) un article intéressant sur Lemonde.fr à partir de témoignages d'élèves de prépas, à la suite d'une enquête de Marie Desplechin intitulée "L'enfer des prépas". Forcément, je dis "un enfer, mais commmmmeeeeennnnt ?" Pas un enfer mais pas non plus une promenade de santé. Je vous raconte tout ça dans un prochain billet. Ciao !

3 févr. 2012

Courage, Fillon !



Ou fuyons. C'est selon.
Bon, pour être complètement honnête, un déplacement de François Fillon, c'est pas très funky. On se tape pas sur les cuisses, quoi.
Tout avait pourtant bien commencé. Grand soleil, -6°. Normal, quoi.

Avant que celui-ci n'arrive, l'équipe du Premier ministre nous (trentaine de journalistes environ) a déjà briefés 6 fois, (au moins) sur comment ça doit se passer, les lignes jaunes que l'on ne doit pas franchir, les salariés qu'on ne doit pas gêner, les batteries qu'on ne doit pas renverser (oui, parce qu'en fait, FF -pas Follow Friday hein, François Fillon himself- visite une entreprise d'excellence, qui fabrique des batteries au lithium ou un truc dans le genre), les VIP qu'on ne doit pas importuner, là où les photographes pourront se placer, et où les caméras ne seront pas conviées. Bref, soyez journalistes, mais soyez sympas.
C'est balisé, c'est propre, rien ne dépasse. FF arrive, il a l'air sympa, calme, tension correcte, chaussures nickel, brushing parfait, manteau Gant bien ajusté. La visite commence, la vie de l'entreprise s'arrête. Et tout le monde regarde passer, médusé, le cortège en blouses blanches. Ah oui, Alain Juppé est là aussi. Puis le préfet. Et le Directeur départemental de la sécurité publique, le boss des policiers. Et tous les élus locaux aussi. Ah et puis y'a Laurent Wauquiez aussi, tiens, je l'avais pas vu.
Visite nickel, question polie de François Fillon, réponse qualifiée du responsable de l'usine. Question, réponse. On visite. Mais y'a vraiment rien à se mettre sous la dent ou quoi ?
On tente une petite question au Premier Ministre. Il ne répond pas. Mais en fait, il ne nous regarde même pas. Nous voit-il ? Sa communication est juste archi verrouillée. Rien de très moderne, en somme.

Franchement, on s'ennuie.
Je me dis "et si je faisais dédicacer un soutien-gorge Lejaby à Laurent Wauquiez, tiens ?" (pas un à moi, hein). Comme ça, juste pour rigoler, pour détendre un peu l'atmosphère. Non ? Bon.
(Calmons-nous, les gens, je ne me moque pas du cas des salariés de Lejaby, hein, c'était juste une blague...)

La journée continue. Aucune ride n'est encore apparue sur mon visage.
Forcément, je ne fais pas partie du bus des journalistes. Ni du cortège ministériel, bien sûr. Je dois donc filer un quart d'heure avant la fin de la première visite, pour être sûre d'être à l'heure à la deuxième étape. Parce qu'évidemment, si je sors mon girophare et que je fonce sur les boulevards, je risque de me faire engueuler, moi.

CCI de Bordeaux : quelques centaines de costumes cravates et de talons mi-hauteur attendent sagement. La musique est grooooovy. Mais si, je vous jure, c'est pas mal, étonnamment. Pas de quoi danser, faut pas pousser, c'est François Fillon quand même. (plus tard, en passant devant la régie son, que vois-je ?? le CD de Katie Melua ! ahahahah !)

Toute la bande arrive, le public se lève, applaudit. Mollement. Ce n'est pas non plus un triomphe rock and roll. En fait, les gens sont crevés. Mais oui, c'est donc ça, ils ont regardé l'émission de France 2 jusque très tard hier soir !

Discours. Chauffeur de salle qui demande d'applaudir (Nan je déconne). Discours. Pfffff. Ah ! Une mini-blague de Fillon ? Non, j'ai mal compris, il s'était juste trompé dans son discours. Drôle. Je vous épargne les filières d'excellence, le grand emprunt et tutti quanti. On n'est pas encore tout à fait dans le meeting de campagne survolté. Message : le gouvernement est au travail, lui.
Breaking news : personne ne s'est endormi, cette fois.

10 minutes avant la fin, je file vers la mairie. Le quartier Saint-Pierre est complètement assiégé. Les petites rues piétonnes sont saturées de flics arnachés jusqu'au cou. On ne voit que leurs yeux, mais a priori, ce n'est pas à cause du froid. C'est bon, tout est UNDER CONTROL !
Devant la mairie, une belle brochette d'une vingtaine de RG (comprendre Renseignements généraux) ou policiers en civil guette. François Fillon arrive aussi à la mairie (quel récit haletant je vous fais là, ne me remerciez pas !), toujours aucune réponse à nos questions bien moins effrenées. L'équipe municipale de Juppé l'y attend (même les opposants Respaud et Hurmic !).
Là, ça devient plus drôle. Parce que Juppé et Fillon jouent du "TU" en voulez-vous, en voilà. Parce que François dit "la voix de la France, c'est la voix d'Alain Juppé". Parce qu'Alain dit à François qu'il a été très bon hier soir. (Clap clap clap). Parce qu'un adjoint râle : "quand ils vont déjeuner à la Tupina, ils pourraient inviter les adjoints aussi..." Parce que François dit qu'Alain aime Bordeaux quand il est à Paris aussi. Parce qu'ils disent en coeur qu'ils ne se sont jamais disputés (sauf peut-être une mini-fois sur l'Europe). (vous entendez la musique, là ?)
S'ils sont si amis, on se demande bien pourquoi François n'est pas venu plus souvent voir Alain à Bordeaux. La campagne doit être lancée, un peu, quand même. Non ?

François et Alain s'en vont (à la Tupina, donc). Trois bouteilles (Haut-Brion, Yquem et Margaux, cadeau de la maison Bordeaux) sous le bras de François, quand même.

Echange capté au hasard de la journée, deux inconnus à propos de Fillon : "il était comment ?" Réponse : "Egal à lui-même."

Bon week-end à vous !

Pau.

ps : Vu le film Poupoupidou - Bouh. Pas aimé. Trop de parallèles, trop gros et trop faciles. Trop d'approximation. Pas assez de drame ? Ca m'a quand même donné envie de relire des choses sur Marylin. Bientôt...

1 févr. 2012

Fille à papa


Alleeez, on se bouge ! Je sais qu'il fait un froid de canard, à ne pas mettre un orteil dehors, mais l'expo dont je vais vous parler vaut vraiment, VRAIMENT la congélation.
(Je sais bien que vous êtes comme moi, que vous repoussez à chaque fois, si bien que vous finissez toujours par passer la date limite et louper l'événement. Comme je vous comprends ! Mais on enfile son Damart et on se bouge les fesses.)

La Base sous-marine de Bordeaux expose Pierre et Alexandra Boulat, le père, la fille, deux très grands photo-journalistes, qui ont traversé le siècle via ses soubresauts, ses régions en guerre, ou ses héros anonymes. Avec quelques années d'écart. Reporters sans frontières avait déjà consacré son album de septembre au duo de photographes : "Pierre et Alexandra Boulat, 100 photos pour la liberté de la presse". J'avais déjà adoré et l'avais acheté. On retrouve exactement les mêmes photos sur l'expo bordelaise, mais on les redécouvre complètement, l'émotion en plus.

Déjà, j'adore la Base sous-marine. Les perspectives. L'espace, l'atmosphère emplie d'histoire. Les battements d'ailes des mouettes (je suppose ?), qui résonnent et le bruit de mes pas qui claque. Les reflets rouges dans l'eau. Les plafonds qui suintent. Le pont en bois qui vibre sous mes pieds et sous les assauts des rafales du vent glacial. J'ai souvenir là-bas de photos magnifiques, de musique qui emplit les lieux, ou de soirées déjantées.

Là, c'est l'histoire qui est partout. Pierre Boulat (1924-1998) a entre autres collaboré avec France-Dimanche, ELLE, Life Magazine, Time, Paris-Match. En 1955, il est le premier journaliste occidental en URSS depuis la guerre ! Idem en Chine depuis la Révolution en 1964. Un pro de la trempe des Cartier-Bresson, Capa, Doisneau ou Pavlovsky. Il a légué à sa fille sa passion et son talent. Alexandra (1962-2007) a couvert tous les plus grands conflits : israelo-palestinien, ex-Yougoslavie, Kosovo, Irak. Voilà, encore une femme qui a de quoi me faire complexer pendant des années. Une journaliste, vraie de vraie. A ceux qui me parlaient lors d'un article précédent (Voir Petit Journal : l'entarteur encarté) d'ouvrir le débat sur la définition du véritable journalisme, eh bien je crois qu'on y est, dans le débat. Et dans le véritable journalisme ! Pas besoin de mots, souvent.

Allez-y ! Flâner dans les années 50, avec Piaf ou des artistes bohêmes, à l'heure du chabrot dans une famille modeste, ou en Algérie avec De Gaulle. Pleurer avec les mères voilées sur les morts de la Cisjordanie. Dîner avec Truman Capote. Revivre la chute de la statue de Saddam Hussein à Bagdad. J'ai adoré les parallèles révélés entre le travail du père et de sa fille. Avec lui, on se souvient d'un mariage traditionnel français, dans le Berry en 1945. Avec elle, on fait la fête dans un mariage à Kaboul. J'ai été émue par leurs séries de photos sur Yves Saint-Laurent. Pierre était dans les coulisses du premier défilé du maître, Alexandra dans celles du dernier !

Leurs photos sont incroyables ! Ce ne sont pas seulement des instants, mais un regard, une composition. Parfaite. Dans le coin, en haut à gauche du portrait légèrement décadré des militantes du Hamas, les éclats de balles.

Voilà, j'ai eu la chair de poule tout au long de l'expo, et pas parce que ça caillait, je vous assure !

Quand on voit tout ça, on est un peu jaloux (plutôt carrément admiratif) d'imaginer la carrière, le vécu de tels pros. Ils font partie de la caste des grands. Un jour, peut-être, je vous parlerai d'un autre (très) grand photographe, que j'ai la chance de côtoyer et qui a vécu d'aussi folles aventures.

Ca commence juste, c'est à voir jusqu'au 18 mars et c'est gratos. Youpi !
(du mardi au dimanche inclus, de 13h30 à 19h - Boulevard Alfred Daney)

Je vous laisse rêver à de grands voyages et reportages. Moi j'y suis !

Pau.








(clichés de l'expo et repro des photos : copyright Pierre et Alexandra Boulat).

ps : hé ! Notre Premier ministre François Fillon est en goguette bordelaise vendredi chez son ami (sic !) Alain Juppé. J'y serai et promis, je vais vous raconter tout ça.