21 déc. 2012

C de la com !

Hello,

avec un si long silence radio, absolument scandaleux, je me rends bien compte qu'A fleur de Pau ne sera sans doute pas LE blog de l'année 2012... Ce n'est pas grave, ne baissons pas les bras, prenons des mesures concrètes, soyons efficaces, rentabilisons le temps (eh oui, parce que c'est bien ça le problème, hein, ce n'est pas que je vous aime pas), enfin bouge-toi, Pau !



Bref, j'avais envie de vous raconter une petite histoire vieille d'une semaine (bouhhh...), lorsque j'ai eu la chance de rentrer dans les ateliers du Père Noël. Afin d'aller chez Cdiscount, quoi. Dans toutes les rédactions de Bordeaux et de Navarre, nous recevions il y a quelques semaines, un petit courrier nous informant de la venue de Fleur Pellerin en Gironde, et de sa visite des locaux de la boîte n°1 française de e-commerce. Alors il faut savoir que Cdiscount, c'est l'antre secrète, le no-man's land journalistique, le défi. A de très nombreuses reprises ces dernières années, des collègues ou moi avons sollicité le service communication de la boîte. Je ne vous cache pas que les lourdes rumeurs de tensions sociales et de conditions de travail pas très nettes nous avaient un peu motivés à solliciter des autorisations de tournage. Parfois, sans aucune malveillance journalistique, nous avons souhaité faire des sujets sur le boum du e-commerce, la réussite de boîtes françaises etc. Portes closes. Zéro communication. Zéro explication. Impossible de montrer un bout d'orteil chez le géant du net. Alors là, invités, on s'est tous dit : chouette, on va enfin pouvoir voir... ce qu'ils vont bien vouloir nous montrer !
Quelques minutes avant l'arrivée de la ministre, sous la pluie, un responsable de com à l'écharpe bien serrée nous prévient illico : vous rentrez, vous faites vos images, mais vous ne posez pas une question aux dirigeants. Alors là, on se rebelle vous voyez, genre "nous, on est journalistes, on ne nous convoque pas monsieur, et on ne nous dit pas ce que l'on doit faire" "si vous nous sollicitez, vous nous parlez" "on n'est pas venus pour rien" (sympa pour Fleur, vous l'aurez remarqué). Un collègue s'en va, son micro sous le bras, en les traitant de.....biiiiiip. Non mais pour qui ils nous prennent ? Entre nous "hihihi, c'est bon, on fait ce qu'on veut, on va aller le voir, le patron".

Bon, on rentre quand même. On fait nos images. On abandonne le cortège ministériel pour filmer à tout va. On s'en fout de la visite, on veut juste faire notre sujet sur le commerce en ligne avant Noël. De véritables gamins indisciplinés. Les attachés de com sont agacés, nous rappellent à l'ordre, nous demandent de ne pas traîner, de ne pas parler au personnel si possible. A la fin, petit pitch du big boss, l'homme qui valait 1,2 milliard, qu'ils disent. "Nos magnifiques résultats..." bla bla. "Record de colis expédiés..." bla bla. "croissance à deux chiffres..." bla bla "honorés de votre présence Madame la ministre..." bla bla. Petit mot de la ministre. Nous nous jetons ensuite sur le fameux boss qui se met alors à hâter le pas et nous ignorer. Regard baissé, mains pour se cacher genre Kate Moss, "non" bredouillant, directeur de com qui tente de s'interposer, ministre gênée, big boss qui fuit face à la peste de la presse qui l'assaille. Révoltés, on se venge sur la ministre qui elle, est bien là pour communiquer. Elle doit partir, le patron revient pour la raccompagner. Il nous évite, quelques journalistes le coincent entre les petits fours et leurs objectifs, l'un deux s'acharne avec ses questions, crie plus fort que la com, et là, acculé, un son chevrotant sort de sa gorge nouée. Il nous dit quelques banalités, un véritable communiqué de presse en version vocale. Ah ah, on l'a bien eu, on l'a gagné notre son ! Bon, on n'a rien appris, on n'a rien pu demander non plus, tout ceci ne fut qu'une minable opération de communication ratée, mais bon, c'est nous qui décidons, tout de même !

Cette petite anecdote pour dire quoi : comment aujourd'hui en France et dans notre société de communication, une boîte qui fait des milliards de chiffre d'affaires peut-elle encore se refuser à parler à des journalistes qu'elle a elle-même acceptés de recevoir, voire invités (ça ne se passerait pas comme ça aux States, moi je vous le dis) ? Au final, leur plan com est-il planté ou implicitement réussi ? Après tout, personne n'a réellement pu raconter le ridicule de la situation et de l'attitude des dirigeants. Et dans quelle mesure, nous journalistes, devons-nous dénoncer ce genre de manipulation ? On nous invite, a priori, c'est pour que nous puissions travailler, et parce que le sujet, le lieu ont un intérêt, une actualité. Mais on ne nous parle pas (pour ne pas être confronté aux questions qui dérangent), et on ne nous montre que ce que l'on veut bien nous montrer. Doit-on protester et partir, avec notre micro sous le bras, en les traitant de....biiiiip ? Doit-on rester, pour tenter de faire notre métier, tenter de raconter quelque chose, de creuser derrière la façade (facile, évidemment, en 45 minutes d'une visite menée au pas de charge) ? Doit-on carrément boycotter ce genre de barnum médiatique ? Doit-on insister, comme certains l'ont heureusement fait (et même pour pas grand chose), juste histoire de dire que notre métier, c'est encore de poser les questions qu'on veut à qui l'on veut, et encore plus aux puissants ? Et est-ce que tout le monde est tenu de nous répondre ?

Nous avons de gros problèmes et de grands questionnement, me direz-vous...(je sens que vous avez envie de me le dire !). Mais le débat est réel, dans ce genre de situations comme lors des innombrables visites ministérielles, communications politiques, portes ouvertes, invitations, et autres sollicitations de médias. Je sers la soupe, parfois, comme tout le monde. D'autres fois, je zappe. Mais je me pose toujours la question. Ouf ?

Très belles fêtes à tous <3 <3

Pau.

ps : bon ben du coup, la photo, ce sont les pieds des dirigeants and co. A défaut de pouvoir les écouter, on se contentera de leurs chaussures.

24 oct. 2012

L'île des fous

L'aventure était bien belle. Celle de coureurs, de femmes et d'hommes qui vont au bout d'eux-mêmes, et celle d'un défi professionnel : monter de A à Z une chaîne télé à l'autre bout du monde et la faire vivre pendant quatre jours. Le tout dans un décor pas exactement hostile mais... difficile !
Voilà, c'était le Grand Raid 2012, et c'est ma pépite de l'année, l'une des raisons pour lesquelles je chéris mon statut de pigiste et toute la liberté de projets qu'il m'offre.


Allez, je vous explique. Depuis quatre ans maintenant, je m'envole au mois d'octobre pour le soleil de l'Île de la Réunion, pour couvrir le Grand Raid, une course de dingues joliment surnommée La Diagonale des fous. Parce que c'est sans doute la plus difficile du monde, la plus incroyable. Un trail de 170 km, plus de 10 000 mètres de dénivelé positif, une traversée de l'île, ses milieux, ses sentiers boueux, ses cirques sublimes, ses villages retranchés, ses montagnes hautes, dans la chaleur étouffante du bord de mer, dans le froid glacial d'une nuit au Volcan du Piton de la Fournaise. Le tout en un peu plus de 24h pour les plus barjos, presque trois jours de souffrances pour les plus jusqu'au-boutistes.
Pour l'occasion, Canal + dédie une chaîne à l'événement, et c'est une boîte bordelaise qui en assure la production. The pourquoi.

(antenne satellite pour les directs)

Nous voilà donc partis dimanche 14 octobre, chargés comme des mules à l'aéroport de Bordeaux, matériel télé, crèmes solaires et manteaux chauds pour affronter les éléments. Il y a surtout tout pour créer une antenne de toutes pièces, et ça, je peux vous dire que ça fait quelques bagages.
Tournage et montage de portraits, enregistrement d'émissions, d'interviews, installations d'antennes paraboliques dans la montagne pour suivre en direct la course. Nous voilà presque prêts...
Jeudi 22h, le départ de la course est donné, 2800 affamés se lancent à l'assaut du volcan, de nuit. Ils sont fous, je vous dis. Tous mes collègues journalistes sont placés sur le parcours, ils vont faire nuit blanche et attendre les coureurs qui ne vont pas dormir non plus ! De mon côté, je suis "roue de secours". Chaque édition, des problèmes techniques nous empêchent de retransmettre le départ en direct. Cette année encore, et si l'antenne lâchait ? Il faut s'imaginer que ce n'est pas le tour de France, hein... C'est une île, avec ses reliefs incroyables, ses capacités techniques limitées, son instabilité météorologique incroyable. Alors il faut composer. Et je prends l'antenne, si besoin. Stress que tout casse, que je doive être en direct, assurer, meubler. Tout se passera bien ce soir, les téléspectateurs ont bien eu droit à leur départ en direct.
Le lendemain, me voilà, chanceuse, partie pour le Piton Maïdo, l'un des nombreux sommets de cette course (2200 mètres), une étape décisive, nouvelle, après 120 km de course, et avant les 50 derniers. Avec vue sur le cirque de Mafate, grandiose, majestueux. Au lever du jour, c'est l'endroit au monde où j'ai le plus matérialisé le concept de rayons du soleil. Des rayons presque physiques, qui inondent et transpercent le jour. Beau à en pleurer. Là nous avons passé deux jours, avec les trois techniciens/collègues, les bénévoles (qui campent ici pendant trois jours pour ravitailler les coureurs), à guetter les meneurs, les belles histoires et moments émouvants. Quel soleil, quelle aventure ! J'ai couru après tous ces fous, filmé, fait des directs, craché mes poumons un peu moi aussi...

(vue depuis le Maïdo)

Je pourrais vous parler de Kilian Jornet, le vainqueur qui dans sa course contre la montre incroyable, a pris 20 minutes pour s'assoir au milieu de ses fans qui avaient marché une heure pour le voir passer, récupérer quelques forces, signer des autographes d'une main tremblante et vidée. De sa gentillesse et sa patience pour répondre à nos questions, avec déjà 120 km dans les pattes, juste trois marathons... De sa gueule d'enfant, et de sa bouche entourée de chocolat, ingurgité à la va-vite, un peu de sucre pour ne pas tomber.

Ou de Iker Carrera, Joe Grant, Michel Lanne, les autres favoris, qui ont vomi, souffert, lutté, violenté leur corps, grimpé, pleuré, puis finalement abandonné.

(au milieu Iker Carrea, un des favoris, à droite, Eric Lacroix, magic consultant pour Canal +, à gauche, je ne sais pas.)

Vous parler d'Emilie Lecomte, première féminine, qui termine dixième de la course (face aux hommes, un exploit jamais réalisé !), et qui me répond en souriant, en plaisantant, qui me donne rendez-vous à l'arrivée en riant. Qui est fraîche et belle comme le jour alors qu'elle s'enfonce seule dans la nuit.

Vous parler aussi de Sébastien Buffard, qui lorsqu'il arrive au poste où nous nous trouvons, est 5e (un exploit !) mais complètement épuisé. Sa femme l'attend, le raisonne, l'encourage. Il pleure dans ses bras. "Je ne pensais qu'à une chose, te retrouver", lui glisse-t-il. Pendant 20 longues minutes, ils discutent. Tout le monde pense, est persuadé qu'il va repartir. Puis il se lève doucement et annonce son abandon. Les bénévoles crient, l'encouragent, l'engueulent presque. Mais le Grand Raid est trop difficile, vraiment trop difficile cette année.

Du froid, de l'humidité, de la brume, qui vous envahissent sitôt le jour tombé. Mais vu le coucher de soleil auquel vous venez d'avoir droit, vous excusez la polaire et le bonnet. Et puis un peu de frais fait du bien, sur les coups de soleil.

De ces gars, les pieds en sang, le regard hagard, le corps tremblant, avec 45 minutes de sommeil en deux jours dans les pattes, qui décident de repartir.

Vous parler de ce coureur décédé cette année d'une chute de 30 mètres dans un ravin. Quand je vous dis que cette "course" est folle. Il était en course depuis 25 heures et avait fait la moitié du chemin. Et cet autre coureur qui pleure en racontant qu'il a appelé les secours.

Des galères de tournage et de matériel, caméra sans son (et l'on s'en rend compte quand on a fini de tourner le sujet bien sûr), logiciel de montage qui ne marche pas, chutes en filmant les coureurs (qui laissent des traces). A 2200 mètres d'altitude et une heure de la première route, tout devient plus compliqué.

Vous raconter cette nuit passée à attendre les coureurs (pas toute la nuit, hein !). De ces musiciens qui pour donner du courage aux raideurs s'installent face au grand vide noir de la montagne, au bord du ravin et qui jouent. "Ils nous entendent à des kilomètres, pendant qu'ils grimpent, et ça les motive". Et ces gens qui inlassablement, toute la journée, encouragent chaque coureur qui repart.

Ou alors de Gilsey Félicité, coureur rencontré pour un portrait avant le départ. Il le sait bien, qu'il n'est pas tout à fait au niveau des fusées, des favoris, mais il rêve secrètement de gagner ce Grand Raid. Parce que c'est l'édition des 20 ans. Parce que lui est Réunionnais, et un gars d'ici qui gagne, ce serait toute une île qui exulte.

Et puis il y a eu Jean-Pierre Charron. Il était le doyen cette année. 71 ans, vous le croyez ça ? Et en plus, c'est lui qui a créé le Grand Raid il y a 20 ans. Pour son ravitaillement, il s'était préparé des sandwichs banane-nutella. Miam, ça m'a presque donné envie de me lancer tout ça ! "Le mental est là, c'est sûr, j'ai peur que mes jambes ne suivent pas", me confiait-il la veille du départ, ému aux larmes. Il a abandonné avant le premier poste de ravitaillement. Mais il sera là l'année prochaine, il l'a promis !

Vous parler de cette île, de la gentillesse incroyable de ses habitants, de leur joie communicative. Vous dire que désormais chaque année, elle me manque.

Et vous raconter aussi les femmes et hommes qui passent la ligne d'arrivée en pleurant. Sitôt franchie, les jambes sont coupées, le mal est partout. Il leur faudra des semaines, des mois pour s'en remettre, mais ils s'en foutent, ils ont réussi, eux (près de 50% des 2800 partants ont abandonné cette année). Ils sont des survivants, comme on dit ici.

Voilà, je ne suis pas une fanatique du sport, une admiratrice de la performance physique. Mais le Grand Raid, c'est un peu plus que du sport. Professionnellement, c'est une aventure incroyable, un défi. Sur le papier, tout semble impossible. Mais on l'a fait. Et on fera encore mieux l'année prochaine, j'espère ! Humainement......... j'en suis encore toute retournée.

Allez, si tout ça vous a donné envie d'en voir, d'en savoir plus, voici le lien de l'antenne (où le live est fini, mais il reste quelques reportages des éditions précédentes):
http://www.canalplus.fr/c-sport/c-autres-sports/pid3644-c-grand-raid-videos.html

et de la course :
http://www.grandraid-reunion.com

Je vais dormir quelques heures et je reviens !

(pause sandwich entre deux tournages. Hé oui, aussi...)

Pau.

12 oct. 2012

I have a dream...


Ben oui, le prix Nobel de la paix version 2012 m'agace... Non mais l'Union européenne. Franchement.
Déjà, je dois avouer qu'en 2009, le choix de Barack Obama était resté pour moi une énigme. En même temps, me direz-vous, personne à Oslo ne me demande mon avis.

Mais s'il y a bien une décision, un barnum mondial, une institution qui doit nous mettre des étoiles dans les yeux, c'est le Nobel, non ?

Il est vrai qu'en ces temps de crise économique, l'Union européenne est un élément de stabilité, de confiance, d'espoir. Elle unit les pays dans un même élan de solidarité et d'action. Elle apaise les peuples. Y'a qu'à voir les Grecs, heureux lors de la visite de Merkel. Justement ! me direz-vous ! Il faut faire un geste dans le sens de la réunification, réaffirmer cette institution qui a fait beaucoup pour la paix (bon, à partir de 1957 surtout) et qui, à l'heure où elle n'a jamais été si remise en question dans son histoire, a besoin  d'un geste fort et symbolique pour rappeler ses principes fondateurs. Pour re-dire à tous ses citoyens qu'ils font partie de cette grande aventure de pacification, et qu'ils en portent la responsabilité aussi. Mouais ouais. Ils sont contents, hein, les citoyens européens. Hein que vous êtes contents ?! Bon, vous ne verrez pas un bout de couleur des 930 000 euros de récompense, mais quand même, ça claque d'avoir le Nobel de la paix ! Ah mais non, ça n'a rien à voir avec nous en fait. Alors ça doit être un truc de bureaucrates, commissaires, députés assidus au Parlement et tout ça... Oui, c'est plutôt pour eux.
Et pourtant, croyez-moi, je suis une pro-européenne tendance idéaliste, néo-désillusionniste.

Je sais pas, moi, j'avais juste envie de rêver. De découvrir des personnages, des vrais, sans attaché-case ni i-pad, qui oeuvrent au quotidien, réellement, pour la paix. Qui se lèvent le matin avec cette urgence au coeur et aux tripes. Qui risquent leur vie pour un infime message, si peu entendu. Qui révèlent au monde des combats méconnus mais indispensables. Je ne sais pas, Malala Yousufzai, par exemple, cette jeune Pakistanaise de 14 ans qui dénonce les violences commises par les talibans, attaquée par eux mardi dernier. (http://www.liberation.fr/monde/2012/10/11/pakistan-malala-yousufzai-transferee-a-rawalpindi_852477). 14 ans, franchement !  Elle n'a pas autre chose à nous apprendre sur la paix que l'Union européenne ? Peut-être même que ça l'aiderait à se remettre sur pied.
Bref, du concret, du vrai, de l'humain. Un choix qui sensibilise, un choix qui secoue.



Tant pis, on rêvera l'année prochaine. Pourtant, on en avait bien besoin, non ?

Et dire qu'ils sont déjà en train de s'écharper, là-haut, pour savoir qui va aller chercher le prix en décembre à Oslo...

Pau.

Et pour continuer le débat, article intéressant, malgré la conclusion étrange :
http://www.lemonde.fr/international/article/2012/10/12/dans-les-coulisses-du-prix-nobel-de-la-paix_1774337_3210.html

et puis...
http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/10/12/mais-qui-ira-a-oslo-recevoir-le-prix-nobel_1774601_3214.html

21 sept. 2012

# Keep cool

Cette semaine, j'ai eu envie de parler des caricatures de Charlie Hebdo. Et puis j'ai vu la déferlante. "irresponsables", "islamophobes""opportunisme""racistes"... Alors j'ai fermé ma g..... (ben oui, faut pas choquer)
Puis aujourd'hui j'avais pensé parler de corrida. Et puis rien qu'en lisant les commentaires de l'article de Rue 89 Sport (qui par ailleurs ne s'occupe ni de glorifier, ni de condamner la corrida, mais de parler d'un des rares Français qui la pratique), dont 20% à peu près étaient vraiment constructifs et intéressants, je me suis ravisée.

http://www.rue89.com/rue89-sport/2012/09/20/julien-lescarret-le-torero-francais-qui-veut-rendre-la-corrida-plus-populaire

Bref, les grands débats, ce ne sera pas pour moi cette semaine. Trop peur de me faire "lyncher" sur la place médiatique.
Mais tout de même.

Je dis qu'il faut avoir mis les pieds dans une arène pour voir ce qui s'y joue, pour parler de corrida. Il faut avoir vu les élevages en pleine nature, les cornadas, le torero blessé évacué par ses confrères, tenté de comprendre les règles et rituels pour pouvoir considérer pleinement le sujet, toute sa complexité, toute l'ambivalence qu'il soulève en nous.
Et peut-être aussi qu'il faut n'avoir jamais expérimenté le manque de liberté d'expression pour en faire si peu de cas.

Evidemment, les deux débats n'ont absolument rien à voir, je ne les mets pas sur le même plan. Je suis juste un peu choquée par la violence des réactions, des échanges qui ont davantage tendance à annihiler les débats qu'à les enrichir.

 (Heu... on peut discuter ?)


Allez, à très vite,

Pau.

14 sept. 2012

Bordeaux grand cru



Aller vivre à Paris ? Moi ? Never !
Mais franchement, pourquoi ? Le boulot ? L'actualité vue depuis un bureau gris, non merci. Je préfère les reportages au grand air.
Ah oui, la culture, peut-être. Alors là franchement, je ne peux pas vous laisser dire ça. J'étais il y a quelques minutes encore avec Martin Parr, j'ai croisé cet après-midi deux prix Pritzker, et pas plus tard que ce matin, j'étais pas loin de prendre un petit-déj avec Tobia Scarpa. Juste avant de croiser Woody Allen. Nan je déconne. (juste pour Woody, hein).
Bon, tout ça pour dire que la rentrée culturelle bordelaise est joliment bien chargée. J'en suis ravie, car pour une fois, j'ai en plus le temps d'en profiter.

Tout a commencé hier jeudi soir par une soirée Pecha Kucha, qui s'est terminée dans le bon ptit pub du coin. Pour être complètement honnête avec vous, n'en déplaise aux bien-pensants culturels branchouilles, je n'ai pas spécialement accroché. La faute aux copains pas vus depuis longtemps, au verre de Bordeaux franchement dégueulasse (ça craint un peu de servir du mauvais vin dans un événement comme ça à Bordeaux, non ?), à ma situation géographique très près de la porte et des fumeurs, et du bruit. Et comme je suis un peu sourde, c'était pas brillant. J'ai juste eu le temps d'aimer la joyeuse prestation d'Oscar Galea, enfin je suppose que c'était lui vus les bijoux présentés. (http://www.oscargalea.com ) Et après il y a eu les Beatles et le cheeseburger. On ne se refait pas. Du coup, j'écoute Yesterday...

Ce matin, pieds serrés et ampoules rouge vif dans mes nouvelles pompes rutilantes, me voilà prête à aller découvrir la famille Scarpa. Là, horreur, malheur. J'ai regretté la visite presse en petit comité de la veille, négligée par flemme. Pour information, cet article a failli s'intituler "Je hais les vernissages", mais celui du soir m'a fait changer d'avis. Entre ceux qui viennent juste pour le buffet, ceux qui jugent bon de discuter très fort devant l'oeuvre sans la regarder, ceux qui visitent à contre courant en poussant tout le monde et en disant "Oh la la mais je suis à contre courant", j'ai cru défaillir. J'ai pu tout de même entrevoir quelques beaux objets qui mériteront bien une deuxième visite, et des plans, des photos, de l'architecture qui fait rêver, des pierres, de l'eau, Venise, de l'espace et de la lumière qui s'infiltre. C'est la première fois que père et fils sont réunis dans une même expo, paraît-il. Tobia, le fils, qui était là, n'a pas manqué de dire qu'il aimait son père, même si celui-ci lui avait "volé ses idées".



Revigorée dans ma quête culturelle, j'ai enfourché mon vélo magique direction le H14 où je dois bien vous le dire, j'ai adoré l'expo de Marc Barani au rez-de-chaussée. "Patrimoines : héritage, hérésie", ce sont des vidéos que je n'ai pas toutes regardées, mais qui m'ont bien faite voyager, à Ouagadougou, Dubaï, Beyrouth... Devant les belles images de Dubaï, j'ai re-vécu mon voyage de 2010, revu cette ville dans tous ses paradoxes, ses absurdités et ses côtés attachants. J'ai aussi été très émue devant ce petit film tourné au Danemark, dans ce village ancien reconstitué, qui vit à toutes les heures du passé, et où des visiteurs atteints de la maladie d'Alzheimer ont retrouvé une partie de leur mémoire. Là j'ai découvert le joli concept de "patrimoine thérapeutique" qui, si l'on s'y penche un peu, est quand même tout retournant. A l'étage, autant de plaisir devant les maquettes des grands projets pour l'avenir de Bordeaux. Vraiment pas déçue du choix de la ville pour la gueule du futur Centre culturel et touristique du vin (en comparaison avec les autres finalistes, le projet lauréat est vraiment magnifique). Et complètement fan du 1er prix de design, "un café dans les nuages", qui m'a donné envie de m'y mettre (au café, pas au design). Je vous laisse le soin d'aller le découvrir, c'est vraiment top !



Voilà, ça ne pouvait que bien se terminer. Tram A direction Mérignac-Centre. Puis la Vieille Eglise. Là, Martin Parr, son regard mutin et ses égéries kitsch m'attendaient. Enfin presque, parce que j'étais en retard. J'ai quand même eu la chance de voir cet immense photographe (au moins 1m80 et des chaussures ouvertes avec chaussettes en-dessous et chemise à carreaux de toute beauté) nous parler mode, rigoler de voir un maladroit faire tomber ses cadres accrochés, poser avec tous ses fans et parfois même voler leur appareil photo le temps d'un cliché. Franchement, très sympa. J'avoue, j'ai moi aussi joué les groupies et eu ma petite image avec le monsieur. Je vous conseille cette expo (jusqu'au 31 octobre, Vieille Eglise Saint-Vincent à Mérignac), vraiment. L'artiste a expliqué qu'il avait voulu "montrer la mode en enlevant son côté glamour" (je confirme !). Il y a de la couleur, du sujet décalé en-veux-tu-en-voilà, du Dakar et du Cuba, un regard espiègle, toujours tendre dans la critique, des grands noms de la couture, et un lieu magnifiquement rénové. Martin Parr a lui-même confié que c'était "une des plus belles galeries dans laquelle j'ai montré mon travail". Il a aussi dit que les Français l'aimaient "bien parce que j'arrive à me moquer des Britanniques, ça vous évite d'avoir à vous en moquer vous-même", mais ça n'a rien à voir. Il a regretté qu'il n'y ait pas de petit pot (nous aussi). Cela dit, ça évite le vin dégueulasse. Mais c'était quand même super chouette.






Alors ce week-end, filez, venez, oubliez le Bassin d'Arcachon et visitez-moi tout ça. Ca fera plus de place sur la plage ;-)

A très vite,

Pau.

3 sept. 2012

Au secours, on rentre !


Ah mais oui, les revoilà les cartables (avec leur débat "faut-il vraiment les changer chaque année ?"), les écoles qui manquent de profs, et les classes surchargées. Les nouvelles grilles d'info, mais avec les mêmes sujets, et les mêmes têtes pour les annoncer. Les frigos à remplir et inscriptions à renouveler. L'injonction du jean et de la montre. Le renoncement à la robe légère. Je veux bien y aller mollo sur les havaianas, mais vous n'aurez pas mes ballerines.
Il faut à nouveau prendre le soin de ne pas oublier son agenda, se plonger dans les journaux, relancer la machine à idées.

Et pourtant, pourtant ! On devrait être contents, la rentrée, c'est la vie, c'est le commencement, c'est le renouveau.

What's new, alors ?
Alain Juppé est candidat aux prochaines municipales à Bordeaux.
Europe 1 veut écraser RTL et France Inter.
Le bilan touristique sur le littoral est mitigé.
Les profs ne sont pas assez formés.
Le Grand Journal a une magnifique Miss Météo qui va vous faire marrer.
Un i-phone de fou arrive.
On expulse des Roms.
Les magazines féminins nous disent de vider nos placards.
Avec la gauche au pouvoir, la rentrée est moins anxiogène.
Y'a un Républicain barjo, là-bas, qui est limite sur l'avortement.
C'est encore plus la crise.
Je râle.

Pas de panique les amis, je parie déjà que l'année prochaine, on reparlera de rentrée. Et pendant ce temps-là, l'eau est toujours aussi claire sous le soleil de Capri.



Pau.

2 juil. 2012

#i love Bordeaux

Hello !

A fleur de Pau vous avait manqué ?? A moi, oui !
Ca va, ça vient, le boulot évolue avec cette fin d'année électorale (j'aurais eu encore tant de choses à raconter, mais on en a un peu ras-le-bol des élections, là, non ?), les vacances approchent. Et je réfléchis à des manières de faire évoluer ce blog, son look, son identité. Bref, vous savez tout, et ça devrait bouger !
Après quelques pérégrinations professionnelles (La Rochelle, Argelès sur mer, Royan, la Bourgogne...), j'avais une furieuse envie de retrouver Bordeaux. Chose faite après une belle semaine bien remplie.

  • j'ai vu la famille, et été gâtée de belles fleurs...


  • participé à un cours de cuisine topissime. C'était mardi dernier au Saint-James à Bouliac. Le restaurant Côté Cour est devenu l'école de cuisine Côté cours, et c'est le second de cuisine de Michel Portos depuis 6 ans, Nicolas Nguyen Van Haï qui assure les ateliers. Invitée avec une flopée de journalistes, nantis que nous sommes, nous avons eu droit au premier cours. Menu : Filets de rouget, artichauts poivrade façon barigoule et panisse / Yaourt battu aux fraises et gelée de menthe. Verdict : CA-NON ! Les recettes étaient accessibles (même moi, j'ai réussi à "peler" les artichauts et faire cuire les rougets commeilfaut. Vous vous rendez compte ? Non, vous ne vous rendez pas compte.) Chef accessible, très doué et sympa (et on précise que c'est sympa aussi de voir Michel Portos passer par là nous amener quelques fruits frais venus tout droit du marché, rectifier un geste ou pimenter l'ambiance), lieu incroyable (et même pas trop éloigné de ce que pourrait être une cuisine de toi ou de moi, et ça, ça change tout), et concept carrément alléchant. Il y aura des formules rapides (cours sur le pouce, en une heure, on cuisine et on mange pour 17 €!), des mercredis après-midi pour les minos à partir de 6 ans, des afterworks les jeudis et vendredis, des formules avec visite du marché + aux fourneaux, et même des cours sur mesure, selon vos envies. Ca me mettrait presque en cuisine, tout ça...

(vous ne trouvez pas que je suis douée en dressage ?)
  • fait de la Wii fit avec ma copine Carmel (fan de http://www.malinmaligne.com/ ) et couru.
  • Doré ma pilule à la playa, après un beau plateau de fruits de mer.

  • Bu du vin. Bu du vin. Bu du vin. (et même souvent du bon, n'en déplaise aux râleurs de la Fête du vin).
  • Visité le Belem, et eu envie de prendre la mer.

  • TRES bien mangé chez Comptoir Cuisine et vu de beaux feux d'artifice.
  • Même (presque) pas fait les soldes.
  • Retrouvé des amis précieux du côté de la Rochelle.
  • Trouvé un ptit peu le temps de bosser (si, je vous jure!)
Là c'est sûr, je m'y remets. A fond.

A très vite,

Pau.

10 juin 2012

Le jour où j'ai dépouillé



Eh bien voilà. Première fois depuis 5 ans que je ne travaille pas un jour d'élection. Fallait bien que la crise finisse par se faire sentir un jour. Ingrate vie de pigiste. Un jour au coeur de l'événement, le lendemain à la maison.
Je devais travailler pour la même chaîne d'infos qui m'avait employée lors de l'élection présidentielle. Et puis des restrictions budgétaires et sans doute un désintérêt pour les législatives plus tard, me voici sur le carreau. Et même si c'est bien de faire la grasse mat, de lire les journaux, de zoner sur Twitter, j'étais un peu paumée ce matin. Me voilà donc réduite à me porter volontaire au dépouillement pour exister dans cette journée démocratique !

Ce matin, ils étaient contents que je leur propose, et moi j'étais contente que quelqu'un ait besoin de moi. Alors nous avons scellé cet engagement. J'ai soigneusement mis mon bulletin dans l'urne, espérant peut-être que je saurais le reconnaître tout à l'heure, unique parmi tant d'autres. J'aurais pu laisser un signe, mais je ne voulais pas compter pour du blanc, on me l'a tant reproché.

Quelques heures plus tard, j'enfourche à nouveau mon vélo, là-bas, ils m'attendent, eux. A 19h49, je m'installe sur une petite chaise en plastoc et j'attends, sagement. Nous formons une ronde, nous n'avons rien à nous dire, c'est vrai, après tout, qu'est-ce qu'on pourrait bien se raconter ("vous aussi, vous vous sentiez seule aujourd'hui ?"). La présidente du bureau est du genre carré, du genre à bouger ses deux copines assesseur(e)s quand ça ne tourne pas rond. Elle nous briefe, dans un grand sourire, entre deux ordres aux copines. Tout semble clair, j'ai encore quelques solides souvenirs de ma première fois, j'avais 18 ans. "On n'a jamais fraudé ici, on ne va pas commencer ce soir". Dommage, quel carton ça aurait fait pour A fleur de Pau ! Tant pis, je me fais une raison, je ne serai pas journaliste aujourd'hui. 19h52, ma voisine a l'air vraiment vraiment heureuse d'être là, dingue. Tout le monde a les yeux rivés sur la grande horloge du gymnase. A 19h59, notre présidente ne tient plus "allez hop, c'est fini", elle remballe ses listes d'émargement et se jette sur la serrure de l'urne. A cet instant, un gros sifflement retentit pour nous annoncer que c'est fini, on ne vote plus, et on ne badine pas avec les règles démocratiques, ici.
Les bulletins sont rangés par 100 dans des enveloppes kraft, on s'installe tranquillement avec mes collègues d'un soir. Deux doivent ouvrir l'enveloppe et annoncer le nom, deux écrivent les résultats, bulletin après bulletin. En face de moi, la petite dame veut absolument "dépouiller". A priori, c'est ce qu'on fait. Non, en fait, elle veut absolument ouvrir l'enveloppe et annoncer le nom, comme si sa vie en dépendait, ou comme si elle pouvait ainsi avoir avant tout le monde les résultats, à moins qu'elle n'espère trouver des choses incroyables dans ces enveloppes. Bon, elle râle aussi parce que la table est collante, quelqu'un a renversé du jus d'orange, mais ça n'a rien à voir, a priori. On n'insiste pas, et on se répartit les rôles restant, parce que nous trois "ça nous est égal", on n'arrête pas de le dire. On ouvre la première grosse enveloppe, il y a bien 100 bulletins dedans. J'ai ma liste avec les douze candidats, stylo à la main, lunettes sur le nez, concentration au top, on peut y aller. Ma copine de la table collante ouvre la première enveloppe (elle kiffe, ça se voit), et annonce tout de go le premier nom. La présidente du bureau lui tombe dessus ! Malheureuse ! Elle doit juste ouvrir l'enveloppe, et donner le bulletin à la jeune femme en face, qui nous annonce le nom. Ca n'est pas aussi bien que ce qu'elle imaginait, je vois bien qu'elle est un peu déçue. Là c'est bon, chacun a bien compris son rôle et je peux vous dire que ça ne rigole pas. On va plus vite que la table d'à côté, je le vois bien. On est hyper sérieux, rien ne peut nous atteindre. Florian, Florian, Delaunay, Jay (grrr), Delaunay, Noël, Delaunay, Florian. Comme prévu, le PS et l'UMP sont au coude à coude, Florian devance tout de même la ministre sur mon bureau de vote. Je me fais un devoir de ne rien montrer, agacement joie, désespoir, je veux être une citoyenne exemplaire. Il y a des noms qui ne sortent pas, jamais, que personne ne prononcera ce soir. Les pauvres, ce sont les oubliés de la République. On a fini notre paquet, on recompte, tout est ok, pas de fraude comme prévu, je m'y engage. La présidente du bureau nous propose d'échanger nos rôles. La copine de la table qui colle veut dépouiller, on l'a compris, ce coup-ci, elle clamera les noms ! Franchement, je peux vous le dire, moi aussi j'aurais bien aimé dire les noms, et ouvrir les enveloppes, mais devant cette nécessité humaine, devant ce tel engagement démocratique, cette volonté d'accomplissement par le dépouillement, je ne peux que m'incliner. Et d'ailleurs, il faut bien l'avouer, elle le fait très bien. Elle incline à chaque fois le bulletin vers nous, pour qu'on puisse vérifier, et s'évertue à changer d'intonation à chaque prononciation du même nom. Ca nous donne une jolie série de vocalises sur "Florian", assez intéressante musicalement parlant. On tient notre rythme. A deux reprises, je suis obligée de reprendre mon collègue d'en face, qui, je le vois bien, essaie de rajouter quelques voix pour Europe-Ecologie Les Verts. Ouais ouais... Il s'est trompé, me dit-il. Ouais ouais... Je dois maintenant me concentrer pour rester exemplaire. "Florian", "Delaunay" résonnent dans ma tête et partout dans la salle, je ne dois pas me laisser perturber par les annonces faites à la table d'à côté. A la deuxième série, ça commence à devenir intéressant, moins de FN, plus de petits candidats. Et nous découvrons quelques votes blancs, ah ah, ça y est, nous y sommes, un peu d'action ! Bon, rien de drôle, en fait, juste un bulletin déchiré, une enveloppe vide, ou une enveloppe avec un bulletin UMP et un FN. Lors de l'élection présidentielle, c'était beaucoup plus rigolo, paraît-il. Au moins, il y avait du croustillant, des insultes à se mettre sous la dent ! Là, rien, ce scrutin est exemplairement démocratique.
Au fur et à mesure, je prends la mesure de mon rôle. Ces milliers de petites mains, en France, qui, au même instant que moi, forment le grand ruisseau de la démocratie. Une voix, qu'est-ce que c'est ? Sur ma feuille, de ma table, de mon bureau de vote, de ma circonscription, c'est tellement tout !

Une heure plus tard, notre sort politique est scellé. Aucune erreur, aucune fraude à signaler (n'insiste pas, Pau), juste des gens contents d'être là et de faire leur devoir. On nous remercie, on nous invite à venir boire un coup à la Mairie de Bordeaux. Chacun rentre chez soi. On me demande de revenir la semaine prochaine. Je bosse ou je bosse pas ?



Pau.

ps : je n'ai pas retrouvé mon bulletin, au fait.

1 juin 2012

Dancing in the Street food


Hellooooooo,

Bon, tout le monde me chauffe sur les articles politiques, alors je fais une pause là ;-) Non sans rire, j'ai un peu levé le pied question élections. Je suis cloîtrée chez moi depuis quelques jours, je tente de pondre de belles pages "été en Aquitaine" pour un célèbre magazine féminin. Alors je m'applique...

J'avais envie de vous parler d'un événement qui me met bien l'eau à la bouche, et qui est par ailleurs mené par une connaissance, fille super. (et un mec qui a fait des soirées du côté du Batofar parisien, dans les jardins du musée du Quai Branly...)
Et si comme moi, vous aimez la bonne bouffe, les lieux canon, et les concepts originaux, alors on va s'entendre.
Bref, ça se passe le 7 juin, youhou c'est bientôt. Ca s'appelle "Street food par les Eat'inerants", et c'est à l'i.boat (le lieu canon).
Trois chefs : Nicolas Magie (qu'on ne présente plus, mais quand même, de La Cape, à Cenon), Christophe Girardot, chef itinérant, ancien de la Table Montesquieu, et Abdel Alaoui, qui officie à C à vous (que tout le monde connaît, mais quand même : l'émission de la 5 avec la rigolote Alessandra Sublet qui va nous manquer). Ca ne vous donne pas faim, vous ?

Ils vont "cuisiner de la baraque version street food" (sic), des "petits plats urbains sucrés et salés", tout ça avec un fond sonore branché, du DJ BNX (bon ok, là tout de suite, comme ça, je ne connais pas, mais il paraît que c'est bien !). Moi ça me tente bien, tout ça. Des gens qui se bougent pour proposer des concepts alléchants, des jolis noms qui jouent le jeu, et la perspective de passer une belle soirée... Moi j'y serai ! Et vous ?

Infos pratiques :
A partir de 20h à 02h. Entrée Libre. Iboat – Bassin à Flot n°1 – Bordeaux.
pré-ventes sur digitick 30 € (8 tickets) pour éviter l’attente,
sur place le plat 8 € (soit 2 tickets), le verre de vin à 4 € (soit un ticket).

Et juste pour l'info, j'ai bien envie d'aller aussi à la Troc party #4. C'est la veille, le 6 juin, toujours à l'iboat (dingue), à 19h. C'est l'association Sew&Laine qui organise. J'adore depuis que j'ai compris le nom. Si vous ne connaissez pas encore, allez voir sur leur site www.sewetlaine.fr , ils font plein de choses sympa, et je vais souvent voir leur site. Une véritable gageure pour moi qui n'aime pas la couture, fabriquer des trucs avec mes mains, et qui n'ai pas une once de créativité !
Bon donc, lors des Troc Party, on vient forcément avec une pièce et l'on repart forcément avec autre chose. Pour cette 4e édition, on pourra échanger vêtements, accessoires, mais aussi disques et vinyles, le tout en musique, évidemment. Je pense que ça va en intéresser certain(e)s.

Infos pratiques :
Inscriptions par mail à contact@sewetlaine.com ou  09 53 38 91 73. 5 € l'entrée, et tout ce qui n'est pas échangé est donné à une structure sociale (+1 !)

Régalez-vous !

A bientôt,

Pau.

ps : et le titre, c'est pour vous mettre ça dans la tête. Tout ce que j'aime...

http://www.youtube.com/watch?v=CdvITn5cAVc


22 mai 2012

Du temps de l'ORTF...

Hello !
A défaut d'avoir un peu de temps pour écrire ces jours-ci, je publie ce papier, rédigé à la veille du second tour de la présidentielle à Tulle. Pour tout vous dire, je m'étais auto-censurée, vous comprendrez sans doute pourquoi...

A très vite,
Pau.

(De l'autre côté de la barrière... Photo AE)


"A quelques heures de retrouver tous mes collègues journalistes dans une jolie petite bourgade de Corrèze, j'avais envie de vous raconter deux ou trois choses qui m'avaient légèrement contrariée le 22 avril dernier.
"Je veux être le président de la justice", nous dit François Hollande. Formidable, parlons-en à son service de presse. Justice et liberté de la presse, c'est important aussi, non ?
Quelques anecdotes, donc.

Le 21 avril dernier, lors de l'installation pré-premier tour, à Tulle, les caméras étaient évidemment trop nombreuses. Pas assez de place pour les pieds de caméra, tout le monde veut être bien placé. Pour cela, il faut arriver tôt, le plus tôt possible, pour avoir la meilleur place possible, poser son pied pour marquer son territoire. De ma courte carrière journalistique, je n'ai jamais vu d'emplacement pré-réservé pour un média, qui ne serait là lui-même pour le conquérir ! Bref, ce soir-là, alors que tous les emplacements étaient pris, et les équipes techniques bien en place, vers 19h30, une équipe d'une très grande chaîne privée (genre grosses audiences pour ne pas la citer) arrive avec une responsable de la communication du candidat FH. Ils regardent l'estrade, plus de place pour s'installer. Ils reluquent l'emplacement d'une agence, AP, quasiment dans l'axe du pupitre d'où FH fera son discours. La responsable com dit tout simplement "qui c'est, là ? Bon, on va mettre biiip ici. Enlevez moi ce pied. Ne vous inquiétez pas, on va vous installer là" (en gros). Un peu penaud, le JRI n'a pas vraiment envie de virer un collègue, absent par ailleurs, car lui non plus n'aimerait pas que ça lui arrive, un jour. Prévenus par d'autres journalistes (que je ne citerai pas mais que je connais très bien) qui assistent à la scène médusés, les journalistes de AP reviennent, il étaient partis sereins, tiens. Ils ne comprennent pas trop pourquoi ils devraient bouger, bataillent, parlent. Finalement, ils bougent leur pied de caméra pour le mettre à l'extrémité de l'estrade. Tranquillement, la très grande chaîne privée s'installe sur la place de rêve. Sans préjuger de ce qui a bien pu être débattu, prévu, dealé, je trouve ça bizarre. Un peu agaçant, en fait.

Le 22 avril après-midi, un de nos journalistes (équipe d'une chaîne d'info en continu, vous voyez le truc ?), parvient à rentrer (sans effraction, hein !) dans l'enceinte du Conseil général de Corrèze, avec des équipes de TF1 et France 2. Il demande au service de presse du CG s'il peut juste tourner quelques images de FH à son arrivée, voire dans son bureau où il doit écrire son discours. Pendant de très longues minutes, le service com refuse, et lui demande de partir. Mais pas à TF1 et France 2. Il tente de négocier, sec. Mais le refus est formel. Le chargé de com du CG le menace d'appeler la sécurité. Finalement, notre journaliste sera viré, très fermement par d'autres communicants arrivés sur place. Argument : TF1 et France 2 ont "dealé" ces images il y a bien longtemps. Des lieux ne peuvent pas être ouverts aux journalistes ? Ca se conçoit, évidemment. A certains, mais pas à d'autres, plus difficile à comprendre. Les notions d'égalité et de justice m'échappent un peu. Surtout quand il s'agit d'un lieu public.

Le soir, tous les journalistes attendent FH au Centre culturel, où il doit faire sa déclaration. Une attachée de presse tente de nous faire quitter le parking en nous disant que nous n'avons pas le droit de filmer son arrivée (pas le droit ? Sur un parking public d'une salle municipale ?). Soi-disant, un "pool" est prévu (une équipe d'un média tourne les images et les donne à toutes les autres chaînes, pour éviter la multiplication des caméras). Personne n'a entendu parler de ce pool, bizarre. Nous décidons de rester sur le parking. On nous demande de rester derrière des barrières. Bizarre, les équipes de France 2 s'installent de l'autre côté, elles. Je vais donc demander gentiment si nous pouvons passer de l'autre côté de la barrière, nous aussi, pour avoir une meilleure image, éventuellement une mini-interview à l'arrivée de FH. Refus de l'attachée de presse. France 2 a demandé l'autorisation depuis longtemps. (Depuis, nous avons appris que rien n'avait été négocié, tout s'est organisé au dernier moment NDLR) Tiens, bizarre, c'est maintenant TF1 qui passe de l'autre côté de la barrière. Je retourne demander si l'espace est désormais ouvert à tous (je sais, je suis chiante), ou si TF1 a aussi "dealé" ça depuis longtemps. Les hommes de la sécurité me repoussent et me demandent de partir, je leur demande de pouvoir parler à l'attachée de presse. Ils refusent même de l'appeler pour moi. Plusieurs journalistes se font ainsi tout simplement virer. Même Victor Robert, la star beau-gosse de la maison C+ fait le pied de grue derrière les barrières. Nous, petits médias, nous attendrons le candidat-futur-président sous la pluie. Qu'il se rassure, il ne sera pas gêné par nos micros.

Je ne reproche pas tellement à ces grosses chaînes de "profiter" de ce système-là pour travailler dans les meilleures conditions possibles. Après tout, je ferais sans doute la même chose à leur place et trouverais ça légitime. J'ai plus de mal à comprendre ce comportement de la part d'équipes de com d'un candidat qui prône l'exemplarité. On ouvre les portes à tout le monde, ou à personne. Pas de "deux poids, deux mesures", svp. On le refuse au sujet des puissants, dans la justice. Refusons-le pour les médias.

Quelques anecdotes, donc. Qui m'amènent à penser que le pouvoir finit toujours par monter à la tête. Et qu'il est bien dommage de reproduire des comportements qu'on a critiqués pendant cinq ans.

Allez, salut les amis, je range ma machine à râler, je suis quand même super contente d'y retourner ! "

9 mai 2012

Tulle, 6 mai



Samedi 5 mai, 15h : J'arrive sur Tulle. Passage par la place de la Cathédrale. C'est donc là que tout se passera, en plein air, zéro protection contre la pluie et le vent qui nous avaient tant malmenés il y a deux semaines. Pas de praticable pour les journalistes, petite scène, pas de salle pour la presse écrite... Bon. Nous devons être bien mal habitués.

16h : toute l'équipe se retrouve à l'hôtel pour un point sur l'organisation. Quatre cameramen-women, trois rédacteurs, une stagiaire. Manquent les deux techniciens qui travaillent d'arrache-pied pour mettre en place tous nos moyens, et les deux motards, qui nous retrouveront demain. Nous mettons en place le dispositif. On a envie de se marrer, tant l'excitation est grande. Mais il faut rester sérieux, ne pas se disperser, que chacun intègre bien son rôle, sa tâche, son emploi du temps. La journée va être folle.

18h : l'équipe du PS nous a donné rendez-vous à l'Hôtel Mercure de Tulle, pour nous informer du dispositif, et nous donner nos accréditations. Il y a du monde partout, des têtes connues, les "pontes" du Hollande tour, comme ils se plaisent à le/se décrire. Je suis contente de croiser certaines personnes. D'autres, beaucoup moins...
La responsable de la communication monte sur une chaise, se fait chambrer puis énonce le dispositif. En gros, il faudra s'adapter. "En cas de victoire...", ils préfèrent évoquer cette éventualité. "Si FH n'est pas élu...", là, rien ne se passera comme prévu. L'équipe de campagne préfère éluder cette idée. C'est à se demander s'ils ont même envisagé cette option ! Quelques questions, puis on nous distribue nos badges faussement magiques. Il se trouve que je suis à côté du carton rempli des sésames. Les journalistes se mettent à pousser dans tous les sens et à crier pour être servis en premier. J'hallucine. derrière, ça pousse.
Je me retourne sur le pressé à lunettes qui tente de me passer devant : "pas de panique, il y en aura pour tout le monde..." Certains "grands" médias ont l'air de penser que la délivrance des accred se fait dans l'ordre des audiences...
Dans les couloirs, avec les attachés de presse, entre journalistes, ça discute, ça négocie. On demande des précisions, on veut connaître chaque détail du déroulement de la journée. Alors qu'on sait très bien que tout explosera en vol demain. Que, sans doute, rien ne se passera comme prévu, et qu'il faudra s'adapter. Les images en exclu, petites infos des canards, se discutent aussi dans ces moments-là.

20h : notre équipe se retrouve au restaurant. On reparle du premier tour, anecdotes et couacs. On fait une photo de groupe. Nous sommes tous là, chacun sait ce qu'il a à faire. Certains angoissent, veulent aller se coucher au plus tôt. D'autres auraient bien envie de boire quelques verres. J'hésite. Trop de fatigue.

Dimanche 6 mai, 5h39 : Yeux ouverts. Mal au crâne mais esprit en ébullition. Impossible de me rendormir, trop de choses se bousculent dans ma tête. Nous y sommes donc ?

6h15 : le réveil sonne. Je ne m'étais pas rendormie.

6h55 : nous arrivons sur le lieu de vote. Quelques photographes sont déjà là. Toujours les mêmes matinaux, qui viennent pour marquer leur territoire. Premier direct à 7h30. A côté de nous, deux Anglais de Sky tv. Sympas, british, pros. La classe anglaise.

9h : la foule de journalistes, policiers, membres de l'équipe de campagne grossit de minute en minute, si bien que la police doit mettre en place une déviation. Je suis censée partir à Sarran, filmer le vote de Bernadette Chirac. Je bou(d)e, je trépigne. J'ai envie de rester à Tulle, d'être là où ça se passe. Ma rédaction en chef me demande finalement de rester ici, l'heure du vote de Bernadette Chirac est incertaine, autant être utile ici. Je saute de joie !
Avec ma grosse caméra sur l'épaule, je tente de me frayer une place le long de la barrière, entre les équipes de France 24 et du Petit Journal (j'aime pas trop être à côté d'eux, généralement). Je me retrouve à attendre aux côtés d'un photographe amateur avec un matos de pro, très bavard. Français, il vit en Amérique du sud, mais est revenu pendant la campagne. Vient prendre des photos ici et espère faire le buzz avec ses clichés (prononcer buse). Je demande gentiment au bénévole de la sécurité juste devant moi s'il pourra se décaler de quelques centimètres quand François Hollande arrivera, ou se reculer, pour que je puisse faire une image. Il me dit que non. Bon ben ok, merci.

10h30 : FH arrive. Sa voiture le dépose au bout de la barrière. Je quitte mon poste en courant, pour espérer avoir une image. Je tourne, il est juste en face de moi, serre des mains, fait des bises. Je tends mon micro, et crie une question brillante de journée de vote du type "comment vous sentez-vous aujourd'hui M. Hollande ?". Il regarde mon micro, ne répond pas et continue son chemin. C'est la cohue, évidemment. Il s'engouffre dans son bureau de vote. Je tente de retrouver une bonne place. Je fais une image de sa sortie. Ces deux ou trois secondes si dingues où des dizaines de journalistes crient la même chose : "Par ici s'il vous plaît !". L'image en boîte, je cours jusqu'à sa voiture. Là, la bataille est terrible, l'espace, pas bien grand, et la sécurité, sur les dents. On a dû demander à Valérie T. de sourire aujourd'hui car elle garde un visage serein alors qu'elle semble d'habitude excédée et stressée par ces bains de foule. J'arrive à faire une belle image, je suis en face d'eux, quelques secondes dingues avant de me faire éjecter par la force de la masse qui me tombe dessus. Arrivés jusqu'à la voiture, la violence entre journalistes est à son comble, certains se font littéralement écraser contre le mur. J'en vois deux ou trois qui se poussent et se repoussent, s'insultent en en oubliant presque leur photo. Bon ils se battent, quoi. Un journaliste se prend violemment une portière dans la figure, la voiture tente de se frayer un chemin parmi la cohue de flashes. Les journalistes courent à côté de la voiture et shootent aux fenêtres, sur une centaine de mètres. La voiture accélère ensuite, c'est fini. Jamais vu une telle violence.



11h45 : je file à Sarran. Sur la route, des trombes d'eau. J'ai l'impression qu'il pleut tout le temps, dans cette cuvette de la région ! Sur place, quelques journalistes, bien moins que le 22 avril dernier. L'un deux me parle de A Fleur de Pau et de mon récit du premier tour (yeaaaaaah !). Bernadette Chirac arrive. Cette fois, je ne sors pas l'attendre dehors sous la pluie, pour éviter toute buée sur l'objectif de ma caméra. Elle vote, deux fois, évidemment. Elle est de moins bonne humeur que la dernière fois, mais accepte quand même de répondre à nos questions, dans une autre salle "pour ne pas gêner les autres électeurs". Elle est agacée par nos questions sur la campagne de Nicolas Sarkozy, sur la stature de FH, qu'elle avait critiquée. Elle finit par nous lâcher que son mari était un vrai Corrézien, lui, pas un Normand ! Mais qu'une élection de FH serait quand même profitable à la Corrèze. Je file à Tulle, le marathon continue.

13h30 : j'arrive au Conseil général. Notre technicien est venu installer ici le véhicule satellite qui était ce matin au bureau de vote. D'autres collègues arrivent avec une poche remplie de sandwiches. Bénis soient-ils. J'envoie mes images. Les duplex devant la porte toujours bien fermée du CG s'enchaînent. Je tente de m'allonger dans la voiture quelques minutes, de réduire le rythme. Ma tête tourne. Je me remplis de la chaleur des rayons de soleil, enfin là ! Puis nous attendons.
Nous n'avons aucune information sur l'heure d'arrivée de FH à son bureau du CG alors nous sommes sur le qui-vive, prêts à dégainer la caméra à chaque instant. C'est usant. Mes collègues partent pour la place de la Cathédrale, il commence à y avoir du monde... Le GIPN arrive au CG. Puis FH arrive en trombe, à son tour. Valérie T. nous fait un petit signe de la main, cachée derrière ses lunettes noires. A l'intérieur, France 2 et TF1 ont été autorisées à tourner quelques images... L'ORTF is back. Tout le monde a l'air de trouver ça normal. De l'extérieur, on observe un journaliste de France 2 en colère contre le service de com ou de sécurité. Il essaie de faire rentrer une collègue de FR2 dans le CG semble-t-il. Il crie très fort : "Il s'agit du prochain chef de l'Etat. Vous pensez vraiment qu'il souhaite se mettre à dos France Télévisions ?" J'hésite entre rire devant tant de ridicule, ou pleurer sur mon métier.

19h30 : je commence à m'équiper. Tout à l'heure, je devrai suivre la voiture de François Hollande en moto, tout en filmant. Aviwest (c'est le système qui nous permet de transmettre en direct les images que nous filmons) sur le ventre, petite caméra à la main, manteaux contre la pluie, casque de moto avec en-dessous le kit mains libres... Je m'installe sur la moto, il faut être prêts à partir à tout moment, dès que le cortège de FH franchira les portes du CG. Je resterai ainsi pendant plus d'une heure, sans bouger. A 20h, je ne suis même pas l'annonce du résultat, qui tombe en même temps que des litres d'eau. On le connaît depuis plus de deux heures, évidemment. Tous les journalistes piétinent devant le portail, avec leur casque sur la tête. Ceux qui n'en portent pas sont des badauds, qui sont venus en espérant apercevoir leur nouveau président, ou un bout de sa main, au détour d'une fenêtre de bagnole... Fausses alertes. La rumeur d'un malaise de FH court. Rumeurs, rumeurs... On voit finalement le portail s'ouvrir, les motards qui nous conduisent relancent les moteurs. Puis on se résigne. Vers 21h15, enfin, ça bouge. Différemment des autres fois, plus intensément. La voiture déboule devant moi, je vois FH tout sourire saluer par la fenêtre. La moto démarre fort, très fort, je suis plaquée vers l'arrière comme dans un décollage d'avion. Le cortège de voitures et motos descend à vive allure. Les motards jouent des "coudes" pour être bien placés, pour que l'on puisse faire une image, mais la route est sinueuse, assez étroite, et c'est trop risqué. Je porte la caméra haut, le plus haut possible, à bout de bras, en espérant que cela fasse une image potable. J'ai l'impression que cette descente dure 15 secondes. Nous déboulons tous sur la Place de la Cathédrale, nous descendons tous de nos motos en courant, casque toujours sur la tête, pour nous jeter dans la cohue de sécurité, fans, heureux, familles, enfants, journalistes. C'est très violent, les gens crient de toutes parts, nous poussent. ce coup-ci, ils veulent eux-aussi, leur image de ce moment. Je suis bloquée par les barrières, mes collègues prennent le relais de l'autre côté. Je suis coincée derrière la cathédrale, et j'entends la clameur, énorme, gronder lorsque FH monte sur la scène. C'est incroyable, je frissonne. Mais je ne vois rien. En changeant batteries, cartes mémoire, en donnant le matériel à toute hâte à mon collègue qui doit prendre le relais, je peste "mais pourquoi je suis là, bordel, je suis là mais je ne vois rien !!" (je trouve toujours un moyen de râler, n'est-ce pas ?). Je n'ai absolument rien entendu du discours... Je remonte sur ma moto et j'attends à nouveau. J'ai lâché la caméra à un collègue, je n'ai gardé que le micro, au cas où il dirait quelques mots à la fenêtre de sa voiture, façon Chirac... Au loin, ça gronde. On voit que tout bouge tout d'un coup, le cortège sort à une vitesse folle, sous les cris et applaudissements du public, une quinzaine de motos s'engouffre derrière le cortège. Là, je me demande vraiment si je suis en train de vivre ce que je suis en train de vivre. Moi la petite journaliste pas sûre d'elle, et de son boulot, qui n'avais encore jamais oser toucher une caméra il y a cinq ans, qui avais suivi la dernière campagne présidentielle comme stagiaire, le soir, après mes journées de boulot à Sud Ouest. Voilà, j'y suis. Et beaucoup donneraient sans doute cher pour être à ma place...
Bref, 45 minutes de moto, à toute vitesse. Partout, à chaque croisement de route, sur chaque pont d'autoroute, les gens sont là, crient, applaudissent, les flashs crépitent à notre passage (bon, plutôt à celui de FH qu'au mien, j'en conviens, mais quand même...), il y a même des fumigènes. Sur la route, certains sont fous. Les motards de TF1 doublent tout le monde sur la bande d'arrêt d'urgence, le cameraman debout sur la moto. Ils zigzaguent, s'imposent, freinent pour empêcher un concurrent de passer, sont dingues. Nous avons dit pas de prise de risque, nous ne prenons pas de risque. Je kiffe ! Notre cameraman s'approche de la voiture et fait de supers images. Nous arrivons à l'aéroport de Brive, des milliers de gens sont là, le long de la route, applaudissent. L'étau se referme. Je saute de la moto et pars en courant. FH est déjà, à nouveau, en plein bain de foule. Sa sécurité a l'air paniquée. Les gens sont hystériques, nous poussent, veulent avoir leur part du gâteau, en ont marre de ces journalistes qui s'interposent entre leur président et eux, partout, tout le temps. Nous arrivons à arracher un mot à FH, pendant qu'on m'arrache la tête, en appuyant fort, très fort, sur mon casque de toutes parts. Je me laisse emporter par la foule, FH s'en va, il passe la grille, c'est fini. Je cours encore un peu, à la recherche de quelque chose à faire. Mais non, c'est fini. Des collègues nous attendent avec un véhicule satellite pour envoyer nos images. Les journalistes parisiens reprennent l'avion, déjà, si vite. A peine le temps de se remercier et de se dire que ce qu'on a vécu était fort. Je suis affamée, j'ai la gorge sèche, il n'y a rien à boire nulle part.
A mon tour, je rentre en moto sur Tulle. 25 minutes au retour. Je suis avachie sur l'énorme moto à selle chauffante (!), au creux de trois gros manteaux, je lutte contre le sommeil. Je me laisser bercer par la route, les images, les flashes, les cris.

0h15 : De retour à Tulle, la fête bat encore son plein. Genre fêtes de Bayonne, les cadavres de bouteilles de bière jonchent le sol, des musiques kitsch retentissent, sourdes, dans ma tête. On finit de plier câbles et matériel. On n'a même pas ouvert la bouteille de rouge que j'avais emmenée, mais on a mangé tous les Chamallows. Certains vont manger un bout, boire un verre. Les gens sont joyeux dans les rues, il souffle un petit vent de je-ne-sais-quoi de sérénité, d'autres ont l'alcool triste. Je vais dormir, demain, il y a encore les matinales, les directs à 7h, l'après, les journaux du matin, les analyses et les "Tulle s'est réveillé...". C'est fini. Même pas la force de pleurer.

Pau.

24 avr. 2012

Tulle, 22 avril


Samedi 21 avril, 18h30 : Nous arrivons à Tulle. Une fois de plus cette année. Sur le parking du Centre culturel et sportif d'où François Hollande fera sa déclaration demain soir, des dizaines de camions-satellites se pressent. Des techniciens sortent de partout, les câbles jonchent le sol. Dans la salle, on découvre les longues tables vides, qui attendent ordinateurs et journalistes. Les scènes "praticables" pour les caméras sont trop peu nombreuses, comme d'habitude. Il faut se faire une place, la meilleure, la moins excentrée possible. A notre tour, nous mettons en place nos plateaux, pieds de caméras. Les traits sont déjà tirés.

21h : Toute notre équipe se retrouve au restaurant. Bondé. De journalistes, techniciens, équipes de campagne et de com. La soirée de demain est dans toutes les têtes, sur toutes les lèvres. A notre table, un technicien, un journaliste pour les plateaux, un autre pour les directs d'ambiance, trois cameramen (dont deux women), une ex-stagiaire originaire de Tulle qui prodiguera petits conseils sur la ville tout au long du weekend. On trinque au 22 avril. On est heureux d'être là. D'être enfin là, après de longs mois de campagne, que nous avons tous suivie, de près ou de loin. Pour ma part, j'étais déjà là il y a plusieurs mois, lors de l'élection de FH à la tête du Conseil général, lors de sa déclaration de candidature à la primaire socialiste... Quelle longue campagne.

22h30 : Nous regagnons l'hôtel. Il faut être raisonnables, la journée de demain va être longue. Pourtant, l'atmosphère est électrique, on boirait bien un verre... Toute la soirée, nous avons parlé de notre dispositif, pour être au plus près de FH, et le maximum présents à l'antenne. Ca va secouer. Bizarrement, je n'ai pas de mal à m'endormir. Si fatiguée... Je rêve que je filme Nicolas Dupont-Aignan lors d'un reportage. Surmenage ?

Dimanche, 8h15 : C'est parti. Une partie de l'équipe est déjà au Centre culturel, pour s'assurer que notre pied de caméra n'a pas été bougé pendant la soirée ou au petit matin, par une équipe jalouse de notre emplacement, peu soucieuse des règles d'entente cordiale entre journalistes (non, je déconne, y'a pas de règle). Ouf, rien n'a bougé. J'embarque une caméra et file du côté de la permanence de François Hollande, d'où il doit partir prendre un café avant d'aller voter. Son petit rituel, paraît-il. Sauf que son café habituel est fermé. Mauvais présage ? Il s'enfermera jusqu'à presque 10h. Quatre caméras, 6 photographes sont là. C'est peu, les autres, la cohue, l'attendent à son bureau de vote. Il pleut, il faut mettre les caméras à l'abri. Il fait très froid, aussi. A chaque arrivée de conseiller, ou lorsque la porte au loin s'ouvre, je jette ma caméra sur l'épaule, avant de me raviser sous son poids, quelques minutes plus tard. Je suis obligée de partir avant qu'il ne sorte. C'est moi qui dois tourner le vote de Bernadette Chirac à Sarran, prévu pour 11h30. Je ne peux pas prendre le risque de la louper. La dame se réserve le droit de planter les journalistes, paraît-il.

10h30 : J'arrive à Sarran. Ici, toutes les affiches électorales ont été arrachées, sauf celle de FH. Corrèze forever. A la place, il y a Jacques Chirac, tout fringant de 1981. Le message est clair.

11h45 : Nous attendons sous la pluie depuis plus d'une heure. Je suis congelée, je ne sens plus mes pieds. Il fait 5 degrés dans ce coin montagneux... Europe 1, RTL, Radio France, l'AfP, France 2, M6, la Montagne... Bernadette attire toujours les foules. Ses fans et amis de longue date l'attendent aussi. Elle arrive, file dans le bureau de vote. A l'intérieur, il doit faire 25 degrés. Humidité, chaud-froid, ma caméra est pleine de buée, l'enfer. Elle prend soigneusement plusieurs bulletins, en deux exemplaires. Elle n'a pas sa carte d'électeur mais montre son passeport. Le responsable du bureau de vote rigole. Elle reste longuement dans l'isoloir, les caméras tournent et les flashs sont prêts à crépiter. Elle vote, deux fois. Puis s'arrête pour répondre à nos questions. Jacques était trop fatigué pour faire le trajet depuis Paris, nous explique-t-elle. Pour qui a-t-elle vote ? Le vote est secret, nous répond-t-elle. Elle dit qu'elle garde des souvenirs émus, forts, de ces journées de vote, en tant que femme de candidat, que la présidentielle est l'élection majeure, qu'elle n'a suivi que la campagne de Nicolas Sarkozy. Que Jacques Chirac ne commente plus la politique actuelle, depuis la fin de son mandat. Elle confie même qu'il a regretté son fameux "trait d'humour corrézien" lorsqu'il avait dit qu'il voterait Hollande, il y a quelques mois.

12h20 : je quitte Sarran. Pas contente de moi et de mes images. Comme d'hab.

13h : A Tulle, j'envoie mes images. Je retrouve le reste de l'équipe pour manger vite fait une paella prévue par le PS pour les journalistes. Il paraît que la cohue a été terrible, ce matin, à l'arrivée de FH à son bureau de vote. Une vraie bataille, tout sauf rangée. Il a fallu jouer des épaules pour obtenir une image.

14h : tout est en place, y'a plus qu'à attendre. Je repasse par l'hôtel, chercher un autre pull. Sinon, je pense que je vais mourir de froid, ou d'une pneumonie avant ce soir.

15h30 : on a beau faire le tour, on est prêts. Une partie de l'équipe attend devant le restaurant où FH déjeune, prête à le suivre en moto pour faire quelques images, et savoir où il va passer son après-midi. Nous partons au Conseil général. C'est là qu'il doit venir écrire son discours. Et puis nous l'attendons. La caméra prête à tourner, nous guettons les voitures. Plus le temps passe, plus les journalistes sont nombreux. Nous nous entassons sous les parapluies en attendant que les averses passent. Je porte maintenant deux tee-shirts, deux pulls, et même deux manteaux ! Un vrai bonhomme Michelin ! La caméra ne me fait même plus mal sur l'épaule molletonnée. Peu à peu, des hommes de la sécurité se mettent en place devant l'entrée du parking. Ils sont presque une dizaine devant un portail ! Zen, les gars...


18h environ : Trois voitures débarquent en trombe. Dans la première, un responsable com de l'équipe de FH klaxonne et crie, fenêtres ouvertes, de dégager le passage. Dans la deuxième voiture aux fenêtres très teintées, on suppose qu'il y a FH. Quelle image ! Tout ça pour ça... Nous faisons un direct, pour dire que François Hollande est bien là. Nous laissons un JRI de notre équipe, avec une moto, pour le suivre lors de sa redescente vers le Centre culturel.

18h30 : en bas, les choses s'accélèrent, la salle s'est remplie de tous les côtés. Militants et supporters, relégués dans les tribunes sur le côté, ou derrière le mur de caméras sur estrade. Ils doivent nous détester... FH va donc s'adresser à des journalistes ! Nous faisons nos ultimes tests et répétitions de directs. Je m'harnache : caméra, et sur le dos, un gros sac avec un système HF, pour nous permettre de retransmettre les images en direct, casque avec retour antenne sur les oreilles. Je plie sous le poids mais j'ai hâte. Nous sommes prêts.


19h55 : nous courons vers la salle. A l'annonce des résultats, les militants crient leur joie. Je filme, sans savoir si ça passe en direct...

20h05 : nous nous mettons en place dehors, pour attendre FH. Il se murmure qu'il pourrait faire sa déclaration très vite après les résultats. Tout le monde est un peu tendu, moi la première. Je me prends la tête avec le service com de FH (Vous explique pourquoi dans un prochain billet). La pluie tombe fort, très fort. Le technicien-bonne fée nous amène un peu de charcuterie pour prendre des forces. On tente de s'entendre avec les autres chaînes : pas de cohue, histoire que tout le monde ait son image. De toute façon, nous sommes relégués derrière une barrière, impossible d'approcher FH.

21h25 environ : notre collègue posté au Conseil général depuis des heures nous prévient : FH vient de quitter son bureau. Ca crie "il arrive !". Ca bouge dans tous les sens. On relance les caméras, on allume les minettes (lumières), on ne bouge plus. Environ trois minutes plus tard, on voit descendre le cortège, les voitures s'arrêtent, les fans crient dehors. Les flashs crépitent et FH apparaît de loin (sans manteau, genre il faisait bien chaud chez moi au Conseil général...). Pendant qu'il descend les marches qui le mènent du parking à la salle, les journalistes gueulent dans tous les sens pour avoir une bribe d'interview "FRANCOIS, FRANCOIS !" "M. HOLLANDE". Un journaliste crie même "M. LE PRESIDENT" (non mais pfffff, comme si ça pouvait le convaincre !). Il nous salue mais s'engouffre dans la salle. On part en courant pour faire une image de son arrivée. Juste à temps, je peux filmer les militants qui crient lors de son entrée... Je n'écoute même pas son discours, trop occupée que je suis avec ce que je dois faire. Pour être honnête, je suis un peu paumée, ça va très vite, je suis bousculée de partout, je ne sais pas ce qu'il va faire, où je dois aller. J'ai peur de louper LE truc. Après quelques minutes, toujours sur la scène, il vient devant nos micros. Est-ce que je tourne, est-ce que ça marche ? Mais qui appuie si fort sur mon dos ? Je vais tomber. Les attachés de com forment une barrière pour bloquer les journalistes mais plient sous leur poids. L'une d'entre eux me broie les côtes avec ses coudes. Il a l'air paumé, submergé, tendu. Loin de l'expression de maîtrise sereine et de la bonhomie habituelle. Il ne sourit pas. Peut-être réalise-t-il, ce soir ? En une fraction de secondes, on sent qu'il va venir vers nous. Il saute de la scène et va vers les militants. Une vague de caméras et de mecs costauds me tombe dessus, je suis poussée de tous les côtés, je ne sais même pas comment je tiens encore debout. Mon collègue me tient par le dos, me guide, me porte quasiment. Mais c'est quoi ce truc de fou ? Je lève ma caméra aussi haut que je peux, à bout de bras, elle est vraiment très très lourde. Nous faisons ainsi une trentaine de mètres, je n'ai aucune idée du temps que ça dure, je vois à peine ce que je filme. Il arrive vers les militants du fond de la salle, face à eux, il retrouve son sourire. Les journalistes renversent tout sur leur passage, même les estrades de leurs collègues, qui les regardent ébahis, en hauteur, se battre dans la masse. L'équipe de com, prise dans la folie, tentant d'aider le service de sécurité débordé par le bain de foule, nous crie "mais vous êtes complètement fous ?? Mais arrêtez  !!" A bout de forces, je donne la caméra à mon collègue, et lui prends le micro. Mais je garde le sac avec la transmission, nous sommes donc reliés par un câble et devons rester collés, à tout prix, pour garder une image. Nous ne savons même pas si nos images sont diffusées à l'antenne. Mon collègue est plus costaud, il passe devant, je le suis et parviens à hisser mon micro près de FH. Ca crie et ça s'insulte dans tous les sens. Caméra, micro, tous mes câbles sont emmêlés. On m'écrase les pieds, les côtes, on s'appuie sur moi. La meute avance telle une tortue. J'approche de FH et lui demande "vous y croyez plus fort que jamais ?" (oui, je sais, je vous avais déjà dit que j'étais la reine des questions débilo-lunaires). Il répond "oh oui,  j'ai toutes les raisons d'y croire". Et la foule l'emporte. Bien joué, Pau. Nous faisons ainsi tout le tour de la salle. Au fond, derrière la scène, la sécu parvient à nous repousser. Nous tentons d'interroger Valérie Trierweiler. Elle fait la gueule, ne nous regarde pas. Nous partons en courant de l'autre côté, pour tenter de faire sa sortie. Là, nous attendons plusieurs longues minutes devant une porte fermée. Tout d'un coup, ça bouge dans tous les sens, je ne sais par quelle intuition magique. FH sort, suivi de sa campagne et refait un bain de foule au milieu des militants amassés pour l'apercevoir. Certains nous insultent, nous qui les coupons de leur idole, les empêchons de l'approcher. D'autres nous soutiennent, nous encouragent et font de la place sur notre passage. Car nous bousculons tout, sans regarder l'âge ou la condition. Les parents éloignent les plus jeunes et les âgés flippent un peu. Mon collègue est au plus près de FH et fait de belles images. Dans l'escalier menant au parking, il passe mais la sécu me bloque. Obligée de grimper via une butte glissante. Un gentil monsieur me tend la main et me hisse en haut. Je cours rejoindre mon collègue, qui fait une dernière image de FH à la fenêtre de sa voiture. Sur sa moto avec chauffeur, un autre JRi de notre équipe est prêt à partir. Hystérique, je lui tape dans le dos et lui crie "t'es le meilleur, vas-y !!!!". Il me regarde comme si j'étais barjo. Je suis barjo. Les gens suivent la voiture en courant et puis c'est fini. Tout d'un coup, comme ça. Nous redescendons vers la salle, encore sous la pression et l'hystérie collective. "C'était bon, ça !". Quelques minutes plus tard, l'excitation ne se décide pas à descendre. Dans la salle, les gens partent peu à peu, les cameramen replient déjà leur matériel, les photographes et rédacteurs, eux, s'affairent sur leur ordi. Il faut envoyer papiers et images au plus vite. Nos collègues descendus de Paris filent vite : le bus affrété pour les journalistes va partir, et l'avion ensuite. Au-revoir, merci, c'est déjà fini, si vite ?


22h45 : la salle se vide, nous renvoyons toutes les images faites pendant le bain de foule. Puis nous allons chercher quelque chose à grignoter. Les premières douleurs dans le corps se font sentir. L'organisation arrache déjà l'affiche "C'est maintenant". Dans les tribunes, les journalistes étrangers continuent leurs directs.

23h : nous commençons à ranger, nous aussi. Enrouler les câbles, sous la pluie. Porter le pied de caméra, et le matériel alors qu'on n'a plus de force. Les collègues s'en vont peu à peu. Je tente de me réchauffer dans le camion satellite, je sens les jambes qui tiraillent. Entre collègues et techniciens, on échange des regards, soit complices "c'était fort quand même", soit haineux "tu es le beau salaud qui m'a poussé"...

23h30 : tout est rangé, on fait le point, on n'a rien perdu, miracle ! Notre cameraman et son motard reviennent, trempés. Ils ont réussi à avoir une dernière interview de FH, au pied de son avion à l'aéroport de Brive, après une course-poursuite de 40 minutes sous une pluie battante. Quelle journée de dingues. On a du mal à partir, à se résigner, à se décider. On est épuisés, mais est-ce bien fini ?

(Le rangement, c'est maintenant ! Copyright AE)


C'était dur, mais on remet ça le 6 mai, sans hésitation.

A très vite,
Pau.